C’est reparti pour un tour !

Baker street

Et voilà, après des mois d’incertitude qui ont usé notre patience et parfois même altéré l’harmonie légendaire de notre petite famille Ricoré, nous voilà fixés, nous restons à Londres deux ans de plus.

Fille Aînée se projette déjà (je me demande de qui elle tient ça ?!) dans la classe de mer de l’an prochain sur l’ile de Wight et même (je me demande vraiment de qui elle tient ça !) jusqu’au spectacle de fin d’année de Year 6 dans deux ans.

Fille Cadette est ravie mais elle était prête à rentrer en France aussi. Comme nous ne savions pas ce qui nous attendait, elles étaient inscrites en section internationale à Mougins où nous pensions déménager et la perspective d’une école bilingue (la moitié de la semaine en anglais, l’autre moitié en français) lui plaisait beaucoup. Nous avions aussi renoué avec les amis de la région antiboise et l’idée de retrouver le soleil et la mer n’était pas désagréable.

Après tout, vous me direz qu’on a la mer aussi ici, même si elle n’est pas tout à fait à la même température.

Cornouailles

C’est un sentiment un peu étrange : je suis contente de rester, de ne pas avoir à quitter tout de suite mes copines ni ce pays auquel je suis bien attachée, mais je m’étais tellement préparée psychologiquement à rentrer en France que j’ai été un peu déboussolée pendant quelques semaines. Maintenant, ça y est, j’ai retrouvé le rythme. Il faut profiter au maximum de ce que l’Angleterre a à nous offrir. Je continue l’aviron et je commence à me débrouiller un peu mieux. Fille Cadette qui adore chanter va essayer ce soir un cours de danse/chant/théâtre dans l’esprit comédie musicale dont les Anglais sont si friands.

Quant à Antoine, à moins qu’une montagne surgisse par miracle près de chez nous, je sais qu’il lui manquera toujours quelque chose ici mais je vais essayer de le distraire à coups de pintes de Guinness et de visites du National Trust.

Et même si nous avons toujours bien rempli nos week-ends (au point de passer pour des psychopathes auprès de nos amis), nous avons encore plein de choses à découvrir ici !

St Michael's Mount

Et à la rentrée, il va falloir mettre l’accent sur le français. Les filles parlent anglais presque tout le temps. 6 semaines en France cet été leur feront le plus grand bien (grands-parents, si vous passez par là, je compte sur vous pour les faire progresser dans la langue de Molière !) Nous allons opter pour le CNED en septembre. Je n’ai pas voulu les embêter trop jusqu’ici (et je manquais un peu de courage pour m’atteler à la tâche, soyons francs) mais au bout de deux ans et demi, je ne peux plus reculer si je ne veux pas qu’elles écrivent en langage SMS et qu’elles parlent franglais en permanence.

Alors à très bientôt pour la suite de nos aventures !

World Book week

Allez, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas fait un petit tour à l’école anglaise.

Cette semaine, c’était donc la World Book week, avec plein d’activités organisées autour de la lecture, pour mettre l’accent sur la lecture en tant que plaisir et essayer de donner aux enfants le goût de lire, comme par exemple dans cette vidéo qui a eu beaucoup de succès dans notre école.

Le book swap : un échange de livres. Les enfants apportaient des livres, recevaient des jetons en échange, avec lesquels ils pouvaient en obtenir d’autres.

Book fair : vente de livres neufs et d’occasion, une partie des bénéfices étant reversé à l’école pour l’achat d’autres livres. Fille aînée a acheté un Jacqueline Wilson et un autre livre d’une collection qu’elle adore, « My Story », sur le Blitz et Fille Cadette a pris un Diary of a Wimpy Kid et un livre que je ne connaissais pas, Agatha Parrot, de Kjarton Poskitt (?) avec des illustrations très rigolotes de David Tazzyman.

book day

Lectures en langues étrangères, par des professeurs et parents : Tchoupi en grec, Aladdin en arabe, lectures en maori, gallois, et anglais bien sûr. Pour ma part, j’ai lu un extrait du Petit Prince, devant plus de 300 enfants, dont peut-être 5 % comprenaient quelque chose. C’était un peu étrange et intimidant, mais sympa, parce qu’il fallait aussi partager un peu notre expérience de lecteurs, leur donner envie de lire, tout simplement. Les maîtresses m’avaient demandé de raconter que quand j’étais petite, je lisais en cachette sous mes couvertures avec une lampe de poche. Je suppose que je ne suis pas la seule ! D’ailleurs, mes filles le font aussi aujourd’hui.

Vendredi, aujourd’hui, les enfants pouvaient s’habiller en personnage de livre. Pas toujours facile de trouver un déguisement caractéristique avec ce qu’on a à la maison. Fille Cadette après bien des crises de pleurs parce qu’on ne trouvait rien qui puisse coller pour Wendy (Peter Pan), s’est finalement déguisée en Cendrillon, tandis que Fille aînée a choisi d’être le Professeur McGonagall.

Fille aîné en Pr McGonagall

Book dayCendrillon

Et vous chères blogueuses ou ami(e)s, que lisent vos enfants ? Je suis preneuse d’idées en anglais et en français.

Sept spécificités de l’école anglaise

Pas de liste de fournitures à la rentrée, youpi, tout est fourni par l’école et tout reste là-bas. Les cartables (book bags) sont légers comme des plumes. Il ne servent qu’à transporter les livres de lecture (petits livres d’une trentaine de pages que l’on change à son rythme).

Wet play : Bizarrement, dans notre école, pas de préau. Or le temps londonien étant ce qu’il est, nos chères têtes blondes sont souvent dans l’impossibilité de jouer dehors à la récréation (playtime). Donc un système a été mis en place, le « wet play », qui ne consiste absolument pas à jouer avec des trucs mouillés, mais à jouer à l’intérieur en cas de mauvais temps. Les enfants possèdent un wet play book, pour faire des jeux, des dessins etc… Et quand les maîtresses n’en peuvent vraiment plus, elles dégainent bien sûr l’arme du DVD. C’est comme ça que Cadette a vu je en sais combien de fois le début de Madagascar, et jamais la fin.

Lunch box. Personne ne rentre chez soi le midi ; la pause déjeuner est beaucoup plus courte qu’en France et les horaires décalés selon les classes pour des questions de place dans le grand hall qui sert à la fois au sport, aux rassemblements divers et à la cantine grâce à un ameublement modulable. On a désormais le choix entre apporter son déjeuner (packed lunch)  ou manger à la cantine (school dinner). Bien sûr, mes filles me supplient de leur faire des lunch boxes, mais le mardi parce que le mardi telle copine le fait aussi, oh et puis finalement le mardi il y a des hot dogs à la cantine alors je ne veux plus de packed lunch. Sauf qu’il faut genre six semaines de préavis auprès de la cantine pour changer de jour. Grrrr…

L’uniforme bien sûr : je l’apprécie car il limite (oui on a quand même le choix entre robe, jupe ou pantalon, polo ou chemisier, sweat ou cardigan et il n’en faut pas plus à Cadette pour nous faire tourner en bourriques) les discussions du matin sur l’habillement. Il est aussi très efficace pour gommer les inégalités sociales et renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté, surtout dans notre école où tant d’élèves viennent d’horizons différents.

Les clubs : comme la classe se termine à 15h15, il reste du temps pour les activités et certaines sont organisées à l’école même, donc pas besoin de venir rechercher son enfant pour le conduire, tout est sur place (ô joie !) C’est ainsi que Cadette fait de la danse le lundi et Fille Aînée du théâtre le mardi. Il existe aussi un Science Club, un homework club qui ressemble à une étude surveillée, un poetry club le midi que Fille Aînée a beaucoup aimé l’an dernier et qui lui a permis de s’approprier un peu mieux la langue anglaise. Certaines activités facultatives comme la chorale ou les cours d’instruments empiètent même sur le temps de classe. Je ne sais pas trop comment ils se débrouillent ensuite pour rattraper.

Le travail par équipe est encouragé, bien plus que la compétitivité individuelle, ce qui me semble très sain et intelligent, utile pour la suite de leur vie. Ils ont toutes sortes de projets qui font entrer en jeu plusieurs matières à la fois, par exemple imaginer la création d’un parc d’attraction, prévoir combien on va faire payer, combien on prévoit de visiteurs etc… C’est très concret. Les différentes équipes reçoivent des points, un peu comme dans Harry Potter et l’équipe gagnante à la fin de la semaine, décide ce que la classe va faire lors du Golden Time, temps libre le vendredi après-midi.

On encourage aussi beaucoup la créativité et la confiance en soi : par exemple en cours d’informatique, en ce moment, ils travaillent sur simple English Wikipedia, le Wikipedia en anglais pour les gens dont l’anglais n’est pas la langue maternelle. Chacun doit rédiger un article sur un sujet qui l’intéresse et qu’il connait bien. Fille aînée a décidé d’écrire un article sur la Seconde guerre mondiale. Carrément. Et je trouve ça génial que la maîtresse la laisse faire, sans lui dire qu’elle n’a pas l’expertise nécessaire ou que cela a déjà été fait. Elle va trouver quelques détails à ajouter à l’article existant, par exemple sur l’évacuation des enfants de Londres à la campagne. C’est une belle manière de leur donner confiance en eux et en leurs compétences.

De l’hégémonie de l’anglais

Génial, mes filles parlent anglais !

Merde, mes filles parlent anglais… tout le temps.

Nous sommes au pays de Shakespeare depuis près d’un an et demi et je me suis évidemment réjouie et émue des progrès fulgurants de ma progéniture en anglais. Etant moi-même traductrice d’anglais et passionnée par cette culture et cette langue, j’ai trouvé  passionnant de suivre leur apprentissage en immersion. Avant le départ de France, j’avais essayé de les préparer en leur faisant regarder des vidéos en anglais et suivant des méthodes pour enfant mais elles étaient assez réticentes.

Maintenant elles communiquent sans problème et lors de notre voyage aux Etats-Unis en avril, elles ont pu mesurer l’utilité de la maîtrise de cette langue.

Sauf que… le français dans tout ça ? J’avais déjà pris la mesure des lacunes de Fille Aînée en orthographe française, malgré le nombre de livres qu’elle lit (d’ailleurs la part de livres anglais ne cesse d’augmenter pour de simples raisons pratiques et géographiques), mais maintenant c’est même l’oral (surtout pour Cadette) qui commence à me faire un peu peur.

Fille Cadette, 6 ans, a beaucoup de mal à jouer en français ou à raconter en français un évènement vécu dans un contexte anglais. Il y a aussi la syntaxe calquée sur l’anglais qui peut être au mieux attendrissante, au pire nous laisser perplexes, mais qu’il faut corriger. La première fois que Cadette a dit : « Oh, le foie gras ça regarde comme du pâté » (NdT it looks like, ça ressemble, littéralement ça regarde comme – PS notez au passage que le goût de la gastronomie française, lui, est bien enraciné !), nous avons trouvé ça follement drôle. La dixième fois, ça lasse.

Je vous épargne le vaste sujet du franglais auquel je cède moi-même trop souvent par facilité. J’ai lu sur le blog d’une famille française expatriée aux Etats-Unis qu’ils avaient institué un système d’amendes quand l’un d’eux parlait anglais à la maison ! Je ne sais pas si on en arrivera là, d’autant plus que nos filles brimées n’ont même pas d’argent de poche, mais je comprends bien le raisonnement.

Je suis ravie que mes enfants parlent anglais et aient la chance d’être bilingues mais je ne trouverais dommage que cela se fasse au détriment du français, comme j’ai pu le voir dans certaines familles installées depuis longtemps ici, même avec deux parents français. Mon souhait (utopique ?) : qu’avec un peu d’efforts, elles finissent par bien posséder les deux !

J’espère qu’il s’agit juste d’une période de transition et que bientôt l’anglais et le français réussiront à cohabiter plus sereinement dans leur petite tête. Je mise aussi sur les six semaines de vacances en France dans la famille pour les remettre dans le droit chemin !

Cadette déguisée en française pour un spectacle à l’école

N’hésitez pas à partager vos expériences dans les commentaires, ça m’intéresse !

Enfants français en école publique anglaise : témoignages

Comme je parle souvent du système scolaire anglais sur ce blog, j’ai eu envie d’approfondir le sujet en recueillant le témoignage d’autres familles françaises qui ont fait le choix comme nous de mettre leur enfant en école publique anglaise.

Séverine est orthophoniste, Claire R, éducatrice, et Claire B, professeur des écoles. Leur avis m’intéressait d’autant plus que leur métier les amène naturellement à réfléchir au système éducatif. Merci à elles de m’avoir livré leurs témoignages !

Une précision : je ne prétends pas juger le système éducatif anglais par rapport au français (je n’ai ni le recul ni les connaissances suffisantes), juste donner quelques éléments de réflexion aux familles qui viennent s’installer à Londres et hésitent entre école française (payante, autour de 500 £ par mois) et l’école publique anglaise.

J’ai fait récemment la connaissance  d’une famille française qui vient de retirer ses enfants de l’école française, estimant que les enfants n’y pratiquaient pas suffisamment l’anglais. Tout dépend en effet de l’optique dans laquelle on est en venant à Londres : est-ce qu’on cherche à rendre ses enfants bilingues ou est-ce qu’on pense déjà au retour en France, avec éventuellement cette crainte de ne plus « rentrer dans le moule » au retour ?

Depuis combien de temps vivez-vous en Angleterre ?

Claire R : Nous sommes arrivés à Londres au mois de juillet 2010, avec nos enfants scolarisés aujourd’hui en Year 2/CE1 et nursery.

Séverine : Depuis un an et demi.  C’est ma deuxième année scolaire. [Les enfants sont en Year 2, 3 et 5.]

Claire B : Depuis 4 ans.

Le choix de l’école publique anglaise a-t-il été évident ?

Claire B : Je ne connaissais rien au système anglais en arrivant, j’ai inscrit mes enfants en juillet pour la rentrée de septembre, à l’école la plus près de chez moi, comme je l’aurais fait en France ! Le public s’est imposé de lui même !

Claire R : C’est un choix qui s’est imposé de lui-même car nos enfants étaient jeunes (3 et 6 ans) et pouvaient s’adapter facilement à une nouvelle école. Ayant travaillé dans une école anglaise pendant mes études, j’avais été impressionnée par l’assurance à l’oral des petits élèves et leurs rapports aux adultes.

Séverine : Pour les plus jeunes oui, pour l’aînée qui entrait en CM1 (Year 5) nous avons hésité… mais l’expérience de personnes autour de nous et l’envie de lui offrir un vrai bain anglais nous a décidés, sachant aussi qu’elle n’avait jusque là pas de difficultés scolaires.

Comment s’est passée l’immersion de vos enfants francophones en école anglaise ?

Claire B : De mon expérience de prof des écoles à Paris, ayant eu souvent dans mes classes des enfants non francophones, je savais que les enfants (petits) s’adaptent parfaitement bien et apprennent la langue en un temps record ; ce sont toujours les parents les plus stressés. C’est donc complètement confiante que j’ai inscrit mon fils dans une école publique anglaise (et j’ai bien fait).

Mon fils a intégré la nursery à 4 ans ; il y est entré fin septembre, en décembre il parlait très très bien anglais; si bien qu’il est entré en Reception (équivalent de la Grande Section). A la nursery, on lui a appris un rudiment de langage des signes pour qu’il puisse quand même se faire comprendre et éviter la frustration. Il n’y a eu aucun incident. Il a toujours paru très content d’aller à l’école. En tant que parents nous avons été très bien accueillis dans l’école également.

Séverine : Je garde un fort souvenir (émouvant !) de leur 1er jour, avec ce sentiment de véritablement les lâcher dans une cage aux fauves, ou de les plonger dans un océan sans qu’elles ne sachent nager ! Les premières semaines sont un peu dures, mais je n’ai pas eu de grosse crise ou de refus d’aller à l’école, les enfants étant quand même très vite pris en charge en petits groupes. A Noël elles étaient plus à l’aise mais toutefois nous reprochaient de s’être entendu dire « vous serez bilingues à Noël » car ce n’était pas le cas. Février-mars je dirais, a été la charnière tant au niveau de la langue que de l’intégration à l’école.

Qu’aimez-vous particulièrement dans le système anglais ?

 Claire R : La pédagogie est au coeur de l’enseignement, peu importe le sujet traité, les enfants se passionnent pour tout car tout est enseigné avec beaucoup de manipulations, d’expérimentations. Souvent les enfants procèdent par hypothèses avant d’avoir accès aux connaissances. Une pédagogie très active même dans une classe de 30.

La place donnée à l’écrit : très tôt les enfants s’expriment, rédigent des lettres, des affiches, incarnent des personnages. Au primaire, on accorde encore une grande place à l’imaginaire et à aux émotions. Les enfants respectent des « golden rules » et les prennent au sérieux. Je trouve que les valeurs morales y sont plus renforcées qu’en France. Et bien sûr les encouragements, compliments sont très nombreux. Le côté très positif du travail de l’enfant est LA grosse différence pour moi. On insiste sur ce que l’enfant fait de bien !

L’esprit de communauté est aussi une grande découverte, on gagne des challenges par équipes (orthographe, maths… etc. ) et l’assembly, ce temps de regroupement collectif hebdomadaire (interclasses parfois). Sans parler de tous les évènements sociaux organisés pour les enfants et les parents !

Claire B : Dans le système anglais il y a beaucoup plus d’adultes dans les classes, les enfants travaillent par groupes de niveaux et ont chacun leurs propres objectifs.

Séverine : L’absence de courses aux fournitures à la fin de l’été ! Et plus sérieusement la façon dont les enfants sont encouragés, pris en charge quel que soit leur niveau d’anglais en arrivant ; la place faite à la musique et au chant (coup de coeur pour les Christmas Carols).


Qu’aimeriez-vous y changer ?

Séverine : Ce serait bien que les parents aient un peu plus de visibilité sur ce que font les enfants à l’école, les méthodes utilisées, les notions étudiées… à part ce qu’en rapportent les enfants eux-mêmes c’est un peu la grande inconnue.

Et puis un peu plus de rigueur parfois… pour l’écriture notamment (je suis une basique maman française qui ne trouve pas toujours que tout est wonderful !!)

Mon grain de sel : [En effet je constate moi aussi que les enfants risquent de se reposer sur leurs lauriers quand on leur dit « Well done » même pour un travail un peu bâclé… C’est le revers de la médaille.]

Claire B : Je ne veux rien y changer car mes enfants y sont heureux ; lorsque je suis invitée à certaines « assemblées » je suis admirative du travail effectué ; les enfants sont très valorisés.

Claire : Je n’ai pas d’idées de changement, peut-être par manque de recul, nous terminons seulement la deuxième année.

Comment envisagez-vous la suite, notamment pour le collège ?

Claire B : Pour la suite… je ne sais pas. J’aurais bien aimé un établissement bilingue pour le collège mais le coût est trop important.

Claire R : Nous n’avons pas de projets à long terme, le souci pour nous étant que notre fille suive en même temps que l’école anglaise une scolarisation partielle en français par le CNED.  Certains parents changent de système en cours de primaire pour rebasculer en école française, à cause du double cursus devenu trop lourd.

Séverine : Pas comme je l’avais imaginé il y a 2 ans ! Nous avions en tête qu’elle rejoindrait le lycée français, il se trouve que ce n’est plus possible en venant du système anglais (trop de monde)… et finalement on est plutôt contents qu’elle poursuive dans un collège anglais ! Contents surtout d’avoir eu une place dans celui qu’on voulait, car – en restant dans les gratuits* – tous les collèges sont loin de se valoir, tant sur le plan du niveau que de la fréquentation. Cette solution nous convient aussi car a priori c’est dans une optique de retour en France d’ici 1 ou 2 ans… je ne suis pas sûre que j’envisagerais toute la scolarité en système anglais. Enfin à voir dans 5 ans, on sera peut-être toujours là et plus anglais que jamais ?!!

*en effet il existe aussi de bons collèges privés, qui vous coûteront la modique somme de 20 000 £ à 40 000 £ par an…

 
Une remarque sur les devoirs à la maison ?

Claire B : Ah les devoirs c’est une fois par semaine, deux photocopies assez ludiques; le rêve, quoi !

Séverine : Un bon point je trouve pour l’école anglaise : peu de devoirs, surtout de la lecture qui est encouragée, quelques petites choses le week-end, des recherches parfois pour les vacances. En primaire c’est largement suffisant.

Claire : Avec ceux du français, aucune envie d’en avoir plus ! Notre fille revient avec un classeur de devoirs le jeudi, à faire pour le lundi suivant. Quelques mots à apprendre et des mathématiques souvent sous forme très ludique. Et un « carnet » de lecture qui voyage entre la maison et l’école pour accompagner les livres à lire à la maison, empruntés à la bibliothèque de la classe. La lecture quotidienne est vraiment encouragée. Les parents sont invités à le remplir à la maison (difficultés en lecture, commentaires de l’enfant sur l’histoire…).

De bonnes idées dont on pourrait s’inspirer en France ?

Séverine : Question difficile, c’est tout un esprit qui est différent, moins académique, moins scolaire… en même temps notre langue française est plus contraignante au niveau des apprentissages de base donc je ne suis pas sûre que tout soit transposable. La notion de groupe de niveau, si décriée chez nous au nom de l’égalité, me paraît intéressante. Les assemblées d’école régulières, pour faire passer des infos, communiquer entre les classes, faire vivre un esprit d’école…

Claire B : On a de bonnes idées en France, souvent les mêmes mais pas assez de moyens !

Claire R : Pas de cartable lourd, juste une pochette avec les livres qui circulent entre la maison et l’école. Tout le reste est à l’école.

Mon grain de sel : les récompenses (Writer of the week, étoiles, stickers et autres « diplômes ») me semblent extrêmement motivantes pour les enfants.

Comment faites-vous travailler le français à vos enfants ?

Séverine : Je leur fais le CNED à la maison, à partir du CE1 ou CE2  (+ apprentissage de la lecture française en parallèle avec la year 1) : le peu de devoirs en primaire le permet assez facilement… on verra en collège, ce sera peut-être plus dur ! Le moins évident est de se plier à un planning précis pour rendre des devoirs, terminer l’année à temps si besoin d’une attestation. Mes filles lisent beaucoup en français, je me dis que c’est toujours ça de gagné aussi !

Claire B : Je fais travailler mon fils de sept ans une petite demi heure le week end avec une méthode de grammaire ludique. Sinon j’essaye d’échanger des livres en français avec des parents qui ont des enfants du même âge; lire le français c’est apprendre aussi à l’écrire.

Claire R : Deux fois une séance d’1h30 par semaine, plus les devoirs, et seulement en français pour l’instant…). Une association est accueillie dans les locaux de l’école anglaise et les enfants sont plutôt contents de se retrouver, environ 8 par niveaux. A partir du CE2, ce sera deux fois 3h. Donc pas d’activité extra-scolaire ces jours-là et les devoirs à faire le week-end, les copies à envoyer au CNED, fichiers audios à enregistrer. Comment font les parents de plusieurs enfants scolarisés dans les deux systèmes ?

Une dernière remarque à ajouter ?

Claire B : J’aime bien que les écoliers soient en uniforme.

Claire : J’aimerais pouvoir voir les différences des écoles primaires d’un quartier à un autre. Comme en France, les écoles dépendent du quartier environnant, mais la motivation du chef d’établissement y est beaucoup plus marquée dans le sens où il recrute lui-même ses enseignants: il a le pouvoir d’un chef d’entreprise et son école reçoit des notes rendues publiques, après l’inspection du fameux organisme OFSTED. Un moyen d’avoir des personnes motivées qui choisissent leurs postes et leurs régions ?

Séverine : Aucun regret sur le choix de l’école anglaise ! Et une ouverture culturelle et sociale qui j’espère les enrichit pour l’avenir.

Contents quand même de connaître un réseau d’amis français par ailleurs, car les liens entre parents restent difficiles à créer à l’école anglaise.

Un grand merci à toutes les trois d’avoir bien voulu partager votre expérience ! Et bien sûr les commentaires sont là pour poursuivre la conversation de se poursuivre. J’essaierai par la suite de rassembler des témoignages de parents ayant choisi le Lycée français. (Contactez-moi si vous avez envie de participer.)

Quelques liens :

Le CNED, qui propose un programme adapté aux enfants français en école anglaise

Les petites écoles françaises du samedi (personnellement je trouve cela un peu lourd mais je connais des familles qui en sont très contentes)

L’OFSTED, organisme chargé de l’évaluation des écoles anglaises.

Mes autres billets sur le système scolaire anglais :

Les fameuses « assemblées » ou « assemblies »

L’absence d’équivalence stricte entre système anglais et français

Pas de notes ni de cahiers

Les inspections de l’OFSTED

Et quelques autres dans la catégorie Education…

School assembly

L' »Assembly » est un moment très particulier dans la semaine des écoliers anglais. Un rassemblement, comme son nom l’indique, de toute l’école, ou d’un cycle autour d’un thème.

L’une des classes est chargée de faire une sorte de représentation sur ce thème, qui mélange réflexions des enfants et sketches pour les illustrer, et se termine souvent en musique. Il peut aussi y avoir un intervenant extérieur.

C’est donc un moment très riche puisqu’il permet de faire réfléchir les enfants sur un thème (qui peut être en rapport avec la vie en communauté, l’environnement, le respect des autres…), et de leur apprendre à s’exprimer en public : pas forcément évident de déclamer sa réplique devant les deux cents autres élèves ! Tout cela dans un cadre ludique ; pour eux, l’assembly de leur classe est un grand moment, un peu comme le spectacle de fin d’année. Chez nous, les petits en font une par an et les grands deux.

C’est aussi le moment de la remise des récompenses et certificats divers et variés, très motivants aussi pour les enfants.

Assembly de Pâques avec les fameux chapeaux de Pâques confectionnés à cette occasion:

La classe de Fille Cadette a fait son assembly sur le thème de l’amitié, inspiré de Toys Story :

Quant à Fille aînée, ce fut sur le thème plus sérieux de l’environnement, avec des petits sketches sur les enfants apprenant à leurs parents à trier et faire des économies d’énergie. (ce qui m’a rappelé des journées torrides sur la Côte d’Azur lors desquelles des éco-terroristes  en culotte courte m’interdisaient de mettre la clim dans la voiture).

Puis sur le fait d’être responsable avec en final, la chanson « Man in the mirror » de Michael Jackson.

Pour donner un exemple, la phrase que Fille aînée devait dire était « When you make a bad choice or a mistake, be responsible and admit that you did it. » (Lorsque tu fais un mauvais choix ou une erreur, sois responsable et reconnais-le.)

Aujourd’hui, elle en fait une autre sur l’art d’être efficace dans son apprentissage. C’est du sérieux ! Quant à moi je fais l’école buissonnière au Salon du Livre de Paris où le soleil brille et me fait regretter que toutes ces conférences passionnantes n’aient pas lieu en terrasse de café.

Culture britannique

Les Tudor, l’époque victorienne, le grand incendie de Londres n’auront bientôt plus de secrets pour mes filles. Cependant je me demande parfois si cette fascination pour Henry VIII (qui inspira dit-on le personnage de Barbe-Bleue) est vraiment bien saine pour les enfants.

Chansons à l’humour noir comme seuls savent le pratiquer les Anglais « with a chop chop here and a chop chop there … » (en référence à toutes les personnes dont il coupa la tête) visites de la Tour de Londres avec l’école, journées « Tudor » lors desquelles tout le monde se déguise, jusque là tout va bien.

Et puis un jour Fille Aînée est rentrée de chez une copine en me disant : « Oh Maman, c’était trop bien, Ben il a joué Henry VIII et moi je faisais toutes ses femmes. »

Hum !

Hampton Court Palace, le château d'Henry VIII

Les cahiers au feu, les notes au milieu

Point de cahiers ni même de trousses dans les cartables de mes filles. Elles nous rapportent en revanche moult oeuvres d’art pour lesquelles je peine à trouver une place dans l’appart : maisons de poupées en carton, sculptures (?) indéterminées, branches d’arbres dorées, couronnes en papier (au moins huit à ce jour, doit-on y voir un rappel que nous vivons dans une monarchie ?)

Les devoirs, donnés le vendredi pour le mercredi afin que les familles mieux organisées que nous puissent répartir la charge de travail sur le week-end et le début de semaine, sont des feuilles volantes rangées dans une pochette transparentes. Une fois faits et corrigés, ils repartent à l’école, où je suppose qu’ils sont classés quelque part ? Mystère pour l’instant sur ce point. Une autre pochette sert à transporter le petit livre de lecture, 16 pages pour Cadette et 32 pour Fille Aînée en ce moment, qui est changé deux fois par semaine. C’est tout. Point de listes de fournitures non plus (la rentrée gagne en agrément !), tout appartient à l’école et reste sur place. Le cartable est donc très léger. Un peu frustrant pour les parents cependant : on voit très peu ce qui est fait en classe. Si on veut en savoir plus, il faut demander un RDV à l’enseignant.

Pas de notes non plus,  mais des appréciations, toujours positives ou encourageantes. ça peut aller de « Amazing Homework this week, well done » à « Well done, but where is your numeracy homework, Fille aînée ? » lorsque ladite Fille Aînée avait malencontreusement oublié de faire ses exercices de maths. D’après mon expérience et celle de mes amies, il me semble que le système est beaucoup moins formel qu’en France, davantage inspirée des pédagogies comme Montessori qui insistent sur le respect du rythme de chaque enfant. Positif ne veut pas dire laxiste et il est déjà arrivé à l’une d’elles de devoir rester un midi pendant la récréation pour terminer des exercices qui avaient été un peu délaissés au profit de longues séances de bavardage avec sa «  »best friend ever ». Sauf qu’on n’insiste pas sur l’aspect punition de la chose ou son côté humiliant mais on fait ce simple constat : tu n’as pas fini tes exercices parce que tu as préféré bavarder, eh bien tu resteras pendant la récré de midi pour les faire.

Pas de notes donc mais une progression suivie et individualisée grâce à des groupes de niveaux en maths et en anglais, et un cheminement individuel divisé en 11 « levels » pour l’apprentissage de la lecture.

Très populaires aussi, les « teampoints », des points que l’enfant gagne pour son travail individuel mais qui sont reversés au pot commun de l’équipe, exactement comme dans Harry Potter : « 3 points pour Gryffondor ! », ce qui me fait supposer qu’il s’agit d’une pratique courante en Angleterre. En plus de ces points d’équipe, l’enfant reçoit aussi des autocollants et autres bons points qui s’accumulent selon un système que je n’ai pas encore tout à fait compris, et qui donnent droit à des « certificates« , sortes de « Prix », qui sont ensuite décernés par le directeur de l’école, lors d’un rassemblement de plusieurs classes. La différence avec les Prix tels qu’ils étaient conçus autrefois en France, c’est qu’on constate un niveau atteint par l’élève ou une réalisation particulièrement intéressante, mais sans notion de concours.

D’où cette magnifique citation franglaise de Cadette : Maman, il ne me manque plus que un sticker sur mon award-card et j’aurai mon certificate !

Le V&A en famille

Le Victoria & Albert Museum de Londres est le plus grand musée de design et arts décoratifs au monde. C’est un lieu magique, aux collections d’une richesse incroyable dans un cadre sublime. Et en plus l’entrée est gratuite ! J’avais déjà eu un coup de foudre pour cet endroit mais je n’en avais découvert qu’une toute petite partie.

Dimanche, nous avons profité de l’une des activités proposées (toujours gratuitement) aux familles, le « backpack », qui consiste en une exploration d’une ou plusieurs salles du musée grâce à des activités (contenues dans le backpack donc, le sac à dos) et articulé autour d’un thème. Nos filles se sont mises d’accord sur « The emperor’s party », centré sur l’empire moghol au XVIème et XVIIème siècle.

Fresque à compléter et colorier, motif de moucharabieh à inventer, questions sur les mets de l’époque, extrait du Ramayana à écouter et dhoti à draper autour de soi, les activités sont variées et ludiques. Mes filles ont 5 et 7 ans et elles étaient bien dans la cible. Je pense qu’à partir de 4 ans, cela peut être intéressant pour un enfant un peu curieux.

A peine terminé le premier backpack, et alors que nous étions certains qu’elles allaient réclamer l’atelier girly « Sparkle splendour » (encore un atelier gratuit, style loisirs créatifs avec moult paillettes), les filles ont voulu enchaîner sur un autre, « Chinese hidden treasures ». Nous avons dû insister pour une pause au café du musée, que nous ne connaissions pas, et qui vaut vraiment le détour. C’est une cafeteria avec différentes possibilités de restauration (sandwiches, plats chauds style pubs, soupes, salades et quiches, thé, scones et gâteaux) et les prix sont comparables à ceux d’un pub ou un salon de thé, pas vraiment bon marché, mais le cadre est splendide. Un pianiste est même venu parfaire l’ambiance.

Quant à la boutique, c’est une véritable mine d’idées de cadeaux beaux et originaux.

J’y retournerai au printemps pour profiter de la magnifique cour intérieure avec sa fontaine, bien connue de ceux qui travaillent dans le quartier, parfaite pour une pause déjeuner au calme.

The show must go on

Depuis un mois, Fille Cadette répète tous les jours ses chansons pour le spectacle de Noël de l’école, une « nativity play », qui raconte donc la naissance de Jésus. Oui, elle est dans une école publique et la première fois que je l’ai entendue chantonner « Two thousand years ago, in Bethleem… » j’ai été surprise, mais ici, il n’y a pas du tout le même attachement à la laïcité qu’en France. Toutes les religions sont abordées à l’école. C’est donc avec un certain attendrissement les premiers jours puis une certaine lassitude par la suite, en passant par une certaine fierté devant sa ténacité, que nous l’avons entendue répéter inlassablement toutes ses chansons tous les jours  en vue du Christmas concert. Je précise au passage que la musique et le chant, c’est du sérieux ici. Les deux activités ont une place importante(et  distincte) dans l’emploi du temps. De même, les répétitions du spectacle ont pris le pas sur tout le reste ces derniers jours.

Or ce matin, alors que je marchais à toute allure vers l’école, fièrement mais un peu à la bourre, dûment armée de mon appareil photo pour immortaliser la performance, je me suis rendu compte que j’avais des appels en absence de mon cher et tendre. Je précise que Monsieur n’est pas du genre à appeler pour ne rien dire donc je me suis tout de suite un peu inquiétée.

– Tu es dans le métro ? Les filles vont bien ?

– Euh c’est-à-dire que… Fille Cadette est tombée et elle s’est ouvert le front et…

Je ne crois pas vous avoir raconté que lors de son premier jour dans cette école, Fille aînée était également tombée, s’était ouvert le genou et était arrivée l’uniforme déchiré, plein de sang et de boue (j’exagère à peine). Faut-il en tirer des conclusions à part que la loi de Murphy existe bel et bien ?

Bon. Certes il y a des choses plus graves mais je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir une grosse boule dans la gorge quand je suis arrivée à l’école. Bien évidemment en me voyant entrer dans l’infirmerie, ma pauvre petite fille cadette, bien amochée, a éclaté en sanglots.

La déception était trop forte. Il était 9h30. Tous les parents étaient assis dans la salle de spectacle et les enfants commençaient déjà à s’installer sur scène.

L’infirmière de l’école a été adorable. Elle a nettoyé ses blessures, l’a réconfortée, félicitée pour son courage (Fille Cadette a même eu droit à un autocollant « bravery award ! ») et l’a vite emmenée à sa classe. En voyant les autres enfants passer dans le couloir pour entrer sur scène, nos petits coeurs de parents étaient bien serrés…

Finalement l’infirmière super gentille et super-efficace, a réussi à l’amener à temps sur scène, où elle a été prestement revêtue de son petit costume de colombe.

Et elle a chanté, tant bien que mal, avec son gros pansement sur le front, sa coupure sur le nez et son costume mal mis qui tombait toutes les deux minutes mais elle a chanté, un peu perturbée au début, puis de plus en plus assurée, contente d’être là. Elle a même apporté un message à l’Ange Gabriel lui-même, donc sans elle, Jésus ne serait pas né, vous imaginez la cata … Quant à nous, nous avons même eu droit à un traitement de faveur, on (toujours la même superwoman infirmière/assistante sociale) nous a fait monter sur une mezzanine d’où on avait une super vue sur le spectacle. C’est là que je me suis rendu compte, après avoir trouvé l’angle parfait pour filmer notre courageuse descendance, que la batterie de mon appareil photo était morte. Je vous mets donc une vidéo des répétitions.

Inutile de dire que nous avons oscillé pendant tout le spectacle entre le sourire béat et les larmes aux yeux…