Un mari idéal

Non, je ne parle pas du mien, bien que mes copines me demandent parfois où je l’ai trouvé  (c’est un secret et d’abord je le garde !) mais de Robert Chiltern, personnage de l’excellente, que dis-je, la géniallissime pièce d’Oscar Wilde.

Ideal Husband

Robert Chiltern est un jeune politicien très riche, adulé par sa femme qui le pense irréprochable. Quand Lady Cheveley débarque et le menace de révéler le lourd secret de son passé, sa vie risque de s’écrouler. L’histoire, pleine de rebondissements et de quiproquos n’est qu’un prétexte à des brillantes conversations pleines de ce « wit » so british. Wilde était irlandais bien sûr, et il adore lancer des petites piques aux anglais ou faire des constats ironiques sur la bonne société londonienne. La mise en scène que nous avons vue était une très légère adaptation de la pièce à notre époque avec quelques références à la vie politique actuelle qui ont eu beaucoup de succès dans la salle.

C’est une pièce tout public et j’ai eu envie d’y aller avec les deux filles, pour le plaisir de se faire une sortie tous les quatre dans le théâtre de notre quartier où Cadette prend des cours le samedi. Sortir dans le West End voir des pièces ou des comédies musicales avec des artistes célèbres, c’est génial bien sûr, mais j’adore aussi aller applaudir la troupe amateur (de très bon niveau) de notre théâtre d’Ealing. C’est très convivial, on rencontre toujours quelqu’un qu’on connait dans la salle, on se sent faire partie d’une communauté. En arrivant, les filles ont eu peur d’être les seuls enfants (dans un public composé majoritairement de jeunes retraités il faut bien le dire !), puis soulagement, nous avons vu une autre famille arriver. Evidemment, c’était des Français. Comme nous des parents indignes qui traînent leur progéniture avec eux au lieu de les envoyer au lit à 19h. Je ne regrette pas d’avoir emmené Fille aînée (10 ans et demi) qui a adoré l’humour et la vivacité des échanges mais c’était quand même un peu compliqué pour Cadette.

Il y a eu une adaptation au cinéma en 1999 avec Rupert Everett, absolument parfait dans le rôle d’Arthur Goring. J’avais adoré à l’époque, j’ai ensuite dévoré tout Oscar Wilde et j’avais même à une époque un projet de DEA à sur la traduction de ses pièces qui sont des petits bijoux.

C’est élégant, c’est léger, c’est brillant, c’est Oscar Wilde ! Si vous aimez les réparties de Maggie Smith dans Downton Abbey, vous serez comblés. Petit florilège :

To love oneself, Phipps, is the beginning of a lifelong romance.

S’aimer soi-même, Phipps, est le début d’une histoire d’amour qui dure toute la vie

I always pass on good advice, it is the only thing to do with it.It is never of any use to oneself.

Je transmets toujours les bons conseils. C’est tout ce que j’en fais. Car ils ne me sont jamais d’aucune utilité.

If one could only teach the English how to talk, and the Irish how to listen, society here would be quite civilized.

Si seulement on pouvait apprendre aux Anglais à parler et aux Irlandais à écouter, la société de ce pays serait parfaitement civilisée.

Si par hasard vous me lisez depuis l’ouest de Londres, courez vite au Questors cette semaine (tous les soirs de mardi à samedi à 19h45)

Annie : un classique de la comédie musicale américaine

Petit retour en 2011 : pour bien terminer l’année, nous sommes allés voir la comédie musicale Annie dans notre théâtre de quartier, le Questors Theatre. La soirée a été un enchantement. Loin de la féérie du West End, les costumes et décors sobres mais efficaces convenaient parfaitement à cette pièce dont l’action se situe à New York pendant la Grande Dépression.

Annie vit dans un orphelinat mais se défend d’être une orpheline, car ses parents l’ont laissée sur les marches onze ans plus tôt avec une lettre promettant qu’ils reviendraient, et la moitié d’un médaillon qui devra servir à leurs retrouvailles. Depuis ce jour elle espère…

Une méchante tenancière d’orphelinat, des escrocs prêts à tout, un milliardaire au coeur d’or, tous les ingrédients sont là pour faire de cette pièce une « Christmas feelgood play ». Impossible de bouder son plaisir. Nous avons été complètement bluffés par la qualité exceptionnelle du jeu des acteurs, une bonne vingtaine en tout, tous amateurs. Fille Aînée a même reconnu une camarade d’école dans un petit rôle. Il fallait voir ces gamines de 8 à 12 ans chanter, danser et jouer la comédie avec un naturel époustouflant. Les chorégraphies étaient simples mais super synchronisées, pleines d’énergie et de charme. Les comédiens adultes étaient excellents aussi, avec une Miss Hannigan sadique, vulgaire et crédible à la fois. J’aurais pu enchaîner sur une deuxième représentation dans la foulée tellement c’était génial. J’avoue qu’ayant payé nos 4 places au prix d’une demi-place des Misérables ou Billy Elliott, je ne m’attendais pas à un spectacle d’une telle qualité. Bravo à la troupe du Questors Theatre !

La seule chose un peu déconcertante  était l’accent américain parfois un peu surjoué des comédiens anglais mais les filles ont à peu près tout compris.

Cette comédie musicale créée à Broadway en 1977 (d’après la BD Little Orphan Annie de Harold Gray) a été adaptée au cinéma en 1982 et reprise en 1999 par Disney dans une version plus esthétique mais qui gomme un peu la cruauté de l’époque et la dimension politique de la pièce. Je vous en propose malgré tout un extrait, parce que l’interprétation de la chanson est chouette et assez proche de ce que nous avons vu.