A play in a day : Macbeth à l’école

Faire tenir une pièce de Shakespeare en vingt minutes ? Faire jouer Shakespeare à des enfants de 10 ans ? Leur permettre de découvrir une oeuvre, en discuter, puis la jouer devant leurs camarades et leurs parents, tout ça en une journée, c’est ce que propose l’association Konflux qui intervient en milieu scolaire depuis des années.

L’activité s’est déroulée sur deux jours. Pendant que la moitié de la classe travaillait comme d’habitude, l’autre moitié était prise en charge par deux comédiennes animatrices, et ils ont échangé le lendemain. Après leur avoir raconté la pièce et avoir discuté des  thèmes ( ambition, jalousie, culpabilité, folie, avec Shakespeare, on a l’embarras du choix), elles leur ont fait faire des échauffements vocaux, puis un filage de la pièce.

Les parents étaient invités en fin de journée pour voir le résultat et c’était pas mal du tout. A chaque scène, les acteurs changeaient, mais grâce à quelques accessoires bien choisis et aux narrateurs, les spectateurs pouvaient s’y retrouver.

J’ai saisi au passage quelques-unes des citations les plus connues de la pièce  :

« What ‘s done is done ».  ( Acte III, scène 2), quand Lady Macbeth essaie d’apaiser la culpabilité de son mari.

« Fair is foul, and foul is fair ». – ( Acte I, scène 1). et « Double, double toil and trouble; Fire burn, and cauldron bubble. »  (Acte IV, scène 1). Les horribles sorcières.

« Will all great Neptune’s ocean wash this blood clean from my hand? »  (Acte II, Sc. 2). Macbeth commence à être dévoré par la culpabilité.

 » Life’s but a walking shadow, (…) it is a tale told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing. » (Acte V, scène 5). « La vie n’est qu’une ombre qui passe (…) c’est un conte dit par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien ».

Fille aînée était un des narrateurs qui résumaient et commentaient l’action puisque faire tenir la pièce en vingt minutes demande une condensation des événements. Mais l’essentiel y était et c’était touchant de voir ces gamins s’amuser autant avec une langue pourtant difficile. J’ai eu les larmes aux yeux quand le petit Omar, un garçon de year 6 très lourdement handicapé, a revêtu la couronne et glissé de son fauteuil roulant sur la scène pour venir jouer le rôle de Macbeth.

Emportées par notre élan shakespearien, nous sommes allées toutes les deux avec une amie voir la pièce qui se jouait justement dans le théâtre de notre quartier, mon cher Questors. Eh bien, heureusement que j’avais vu la version de l’école trois jours avant parce qu’il faut s’accrocher. J’ai beau avoir fait des études d’anglais, être traductrice et habiter depuis 4 ans à Londres, la langue de Shakespeare, au cas où vous en douteriez, c’est plus costaud que Downton Abbey ! J’ai quand même admiré le boulot des comédiens, amateurs excellents, que j’avais déjà vus pour certains dans An ideal husband d’Oscar Wilde. Et j’ai tremblé devant les sorcières un peu zombies et complètement terrifiantes. La prochaine fois, je vais voir Blanche Neige et les sept nains version street dance, ça devrait être plus accessible !

Enfants français en école publique anglaise : témoignages

Comme je parle souvent du système scolaire anglais sur ce blog, j’ai eu envie d’approfondir le sujet en recueillant le témoignage d’autres familles françaises qui ont fait le choix comme nous de mettre leur enfant en école publique anglaise.

Séverine est orthophoniste, Claire R, éducatrice, et Claire B, professeur des écoles. Leur avis m’intéressait d’autant plus que leur métier les amène naturellement à réfléchir au système éducatif. Merci à elles de m’avoir livré leurs témoignages !

Une précision : je ne prétends pas juger le système éducatif anglais par rapport au français (je n’ai ni le recul ni les connaissances suffisantes), juste donner quelques éléments de réflexion aux familles qui viennent s’installer à Londres et hésitent entre école française (payante, autour de 500 £ par mois) et l’école publique anglaise.

J’ai fait récemment la connaissance  d’une famille française qui vient de retirer ses enfants de l’école française, estimant que les enfants n’y pratiquaient pas suffisamment l’anglais. Tout dépend en effet de l’optique dans laquelle on est en venant à Londres : est-ce qu’on cherche à rendre ses enfants bilingues ou est-ce qu’on pense déjà au retour en France, avec éventuellement cette crainte de ne plus « rentrer dans le moule » au retour ?

Depuis combien de temps vivez-vous en Angleterre ?

Claire R : Nous sommes arrivés à Londres au mois de juillet 2010, avec nos enfants scolarisés aujourd’hui en Year 2/CE1 et nursery.

Séverine : Depuis un an et demi.  C’est ma deuxième année scolaire. [Les enfants sont en Year 2, 3 et 5.]

Claire B : Depuis 4 ans.

Le choix de l’école publique anglaise a-t-il été évident ?

Claire B : Je ne connaissais rien au système anglais en arrivant, j’ai inscrit mes enfants en juillet pour la rentrée de septembre, à l’école la plus près de chez moi, comme je l’aurais fait en France ! Le public s’est imposé de lui même !

Claire R : C’est un choix qui s’est imposé de lui-même car nos enfants étaient jeunes (3 et 6 ans) et pouvaient s’adapter facilement à une nouvelle école. Ayant travaillé dans une école anglaise pendant mes études, j’avais été impressionnée par l’assurance à l’oral des petits élèves et leurs rapports aux adultes.

Séverine : Pour les plus jeunes oui, pour l’aînée qui entrait en CM1 (Year 5) nous avons hésité… mais l’expérience de personnes autour de nous et l’envie de lui offrir un vrai bain anglais nous a décidés, sachant aussi qu’elle n’avait jusque là pas de difficultés scolaires.

Comment s’est passée l’immersion de vos enfants francophones en école anglaise ?

Claire B : De mon expérience de prof des écoles à Paris, ayant eu souvent dans mes classes des enfants non francophones, je savais que les enfants (petits) s’adaptent parfaitement bien et apprennent la langue en un temps record ; ce sont toujours les parents les plus stressés. C’est donc complètement confiante que j’ai inscrit mon fils dans une école publique anglaise (et j’ai bien fait).

Mon fils a intégré la nursery à 4 ans ; il y est entré fin septembre, en décembre il parlait très très bien anglais; si bien qu’il est entré en Reception (équivalent de la Grande Section). A la nursery, on lui a appris un rudiment de langage des signes pour qu’il puisse quand même se faire comprendre et éviter la frustration. Il n’y a eu aucun incident. Il a toujours paru très content d’aller à l’école. En tant que parents nous avons été très bien accueillis dans l’école également.

Séverine : Je garde un fort souvenir (émouvant !) de leur 1er jour, avec ce sentiment de véritablement les lâcher dans une cage aux fauves, ou de les plonger dans un océan sans qu’elles ne sachent nager ! Les premières semaines sont un peu dures, mais je n’ai pas eu de grosse crise ou de refus d’aller à l’école, les enfants étant quand même très vite pris en charge en petits groupes. A Noël elles étaient plus à l’aise mais toutefois nous reprochaient de s’être entendu dire « vous serez bilingues à Noël » car ce n’était pas le cas. Février-mars je dirais, a été la charnière tant au niveau de la langue que de l’intégration à l’école.

Qu’aimez-vous particulièrement dans le système anglais ?

 Claire R : La pédagogie est au coeur de l’enseignement, peu importe le sujet traité, les enfants se passionnent pour tout car tout est enseigné avec beaucoup de manipulations, d’expérimentations. Souvent les enfants procèdent par hypothèses avant d’avoir accès aux connaissances. Une pédagogie très active même dans une classe de 30.

La place donnée à l’écrit : très tôt les enfants s’expriment, rédigent des lettres, des affiches, incarnent des personnages. Au primaire, on accorde encore une grande place à l’imaginaire et à aux émotions. Les enfants respectent des « golden rules » et les prennent au sérieux. Je trouve que les valeurs morales y sont plus renforcées qu’en France. Et bien sûr les encouragements, compliments sont très nombreux. Le côté très positif du travail de l’enfant est LA grosse différence pour moi. On insiste sur ce que l’enfant fait de bien !

L’esprit de communauté est aussi une grande découverte, on gagne des challenges par équipes (orthographe, maths… etc. ) et l’assembly, ce temps de regroupement collectif hebdomadaire (interclasses parfois). Sans parler de tous les évènements sociaux organisés pour les enfants et les parents !

Claire B : Dans le système anglais il y a beaucoup plus d’adultes dans les classes, les enfants travaillent par groupes de niveaux et ont chacun leurs propres objectifs.

Séverine : L’absence de courses aux fournitures à la fin de l’été ! Et plus sérieusement la façon dont les enfants sont encouragés, pris en charge quel que soit leur niveau d’anglais en arrivant ; la place faite à la musique et au chant (coup de coeur pour les Christmas Carols).


Qu’aimeriez-vous y changer ?

Séverine : Ce serait bien que les parents aient un peu plus de visibilité sur ce que font les enfants à l’école, les méthodes utilisées, les notions étudiées… à part ce qu’en rapportent les enfants eux-mêmes c’est un peu la grande inconnue.

Et puis un peu plus de rigueur parfois… pour l’écriture notamment (je suis une basique maman française qui ne trouve pas toujours que tout est wonderful !!)

Mon grain de sel : [En effet je constate moi aussi que les enfants risquent de se reposer sur leurs lauriers quand on leur dit « Well done » même pour un travail un peu bâclé… C’est le revers de la médaille.]

Claire B : Je ne veux rien y changer car mes enfants y sont heureux ; lorsque je suis invitée à certaines « assemblées » je suis admirative du travail effectué ; les enfants sont très valorisés.

Claire : Je n’ai pas d’idées de changement, peut-être par manque de recul, nous terminons seulement la deuxième année.

Comment envisagez-vous la suite, notamment pour le collège ?

Claire B : Pour la suite… je ne sais pas. J’aurais bien aimé un établissement bilingue pour le collège mais le coût est trop important.

Claire R : Nous n’avons pas de projets à long terme, le souci pour nous étant que notre fille suive en même temps que l’école anglaise une scolarisation partielle en français par le CNED.  Certains parents changent de système en cours de primaire pour rebasculer en école française, à cause du double cursus devenu trop lourd.

Séverine : Pas comme je l’avais imaginé il y a 2 ans ! Nous avions en tête qu’elle rejoindrait le lycée français, il se trouve que ce n’est plus possible en venant du système anglais (trop de monde)… et finalement on est plutôt contents qu’elle poursuive dans un collège anglais ! Contents surtout d’avoir eu une place dans celui qu’on voulait, car – en restant dans les gratuits* – tous les collèges sont loin de se valoir, tant sur le plan du niveau que de la fréquentation. Cette solution nous convient aussi car a priori c’est dans une optique de retour en France d’ici 1 ou 2 ans… je ne suis pas sûre que j’envisagerais toute la scolarité en système anglais. Enfin à voir dans 5 ans, on sera peut-être toujours là et plus anglais que jamais ?!!

*en effet il existe aussi de bons collèges privés, qui vous coûteront la modique somme de 20 000 £ à 40 000 £ par an…

 
Une remarque sur les devoirs à la maison ?

Claire B : Ah les devoirs c’est une fois par semaine, deux photocopies assez ludiques; le rêve, quoi !

Séverine : Un bon point je trouve pour l’école anglaise : peu de devoirs, surtout de la lecture qui est encouragée, quelques petites choses le week-end, des recherches parfois pour les vacances. En primaire c’est largement suffisant.

Claire : Avec ceux du français, aucune envie d’en avoir plus ! Notre fille revient avec un classeur de devoirs le jeudi, à faire pour le lundi suivant. Quelques mots à apprendre et des mathématiques souvent sous forme très ludique. Et un « carnet » de lecture qui voyage entre la maison et l’école pour accompagner les livres à lire à la maison, empruntés à la bibliothèque de la classe. La lecture quotidienne est vraiment encouragée. Les parents sont invités à le remplir à la maison (difficultés en lecture, commentaires de l’enfant sur l’histoire…).

De bonnes idées dont on pourrait s’inspirer en France ?

Séverine : Question difficile, c’est tout un esprit qui est différent, moins académique, moins scolaire… en même temps notre langue française est plus contraignante au niveau des apprentissages de base donc je ne suis pas sûre que tout soit transposable. La notion de groupe de niveau, si décriée chez nous au nom de l’égalité, me paraît intéressante. Les assemblées d’école régulières, pour faire passer des infos, communiquer entre les classes, faire vivre un esprit d’école…

Claire B : On a de bonnes idées en France, souvent les mêmes mais pas assez de moyens !

Claire R : Pas de cartable lourd, juste une pochette avec les livres qui circulent entre la maison et l’école. Tout le reste est à l’école.

Mon grain de sel : les récompenses (Writer of the week, étoiles, stickers et autres « diplômes ») me semblent extrêmement motivantes pour les enfants.

Comment faites-vous travailler le français à vos enfants ?

Séverine : Je leur fais le CNED à la maison, à partir du CE1 ou CE2  (+ apprentissage de la lecture française en parallèle avec la year 1) : le peu de devoirs en primaire le permet assez facilement… on verra en collège, ce sera peut-être plus dur ! Le moins évident est de se plier à un planning précis pour rendre des devoirs, terminer l’année à temps si besoin d’une attestation. Mes filles lisent beaucoup en français, je me dis que c’est toujours ça de gagné aussi !

Claire B : Je fais travailler mon fils de sept ans une petite demi heure le week end avec une méthode de grammaire ludique. Sinon j’essaye d’échanger des livres en français avec des parents qui ont des enfants du même âge; lire le français c’est apprendre aussi à l’écrire.

Claire R : Deux fois une séance d’1h30 par semaine, plus les devoirs, et seulement en français pour l’instant…). Une association est accueillie dans les locaux de l’école anglaise et les enfants sont plutôt contents de se retrouver, environ 8 par niveaux. A partir du CE2, ce sera deux fois 3h. Donc pas d’activité extra-scolaire ces jours-là et les devoirs à faire le week-end, les copies à envoyer au CNED, fichiers audios à enregistrer. Comment font les parents de plusieurs enfants scolarisés dans les deux systèmes ?

Une dernière remarque à ajouter ?

Claire B : J’aime bien que les écoliers soient en uniforme.

Claire : J’aimerais pouvoir voir les différences des écoles primaires d’un quartier à un autre. Comme en France, les écoles dépendent du quartier environnant, mais la motivation du chef d’établissement y est beaucoup plus marquée dans le sens où il recrute lui-même ses enseignants: il a le pouvoir d’un chef d’entreprise et son école reçoit des notes rendues publiques, après l’inspection du fameux organisme OFSTED. Un moyen d’avoir des personnes motivées qui choisissent leurs postes et leurs régions ?

Séverine : Aucun regret sur le choix de l’école anglaise ! Et une ouverture culturelle et sociale qui j’espère les enrichit pour l’avenir.

Contents quand même de connaître un réseau d’amis français par ailleurs, car les liens entre parents restent difficiles à créer à l’école anglaise.

Un grand merci à toutes les trois d’avoir bien voulu partager votre expérience ! Et bien sûr les commentaires sont là pour poursuivre la conversation de se poursuivre. J’essaierai par la suite de rassembler des témoignages de parents ayant choisi le Lycée français. (Contactez-moi si vous avez envie de participer.)

Quelques liens :

Le CNED, qui propose un programme adapté aux enfants français en école anglaise

Les petites écoles françaises du samedi (personnellement je trouve cela un peu lourd mais je connais des familles qui en sont très contentes)

L’OFSTED, organisme chargé de l’évaluation des écoles anglaises.

Mes autres billets sur le système scolaire anglais :

Les fameuses « assemblées » ou « assemblies »

L’absence d’équivalence stricte entre système anglais et français

Pas de notes ni de cahiers

Les inspections de l’OFSTED

Et quelques autres dans la catégorie Education…

School assembly

L' »Assembly » est un moment très particulier dans la semaine des écoliers anglais. Un rassemblement, comme son nom l’indique, de toute l’école, ou d’un cycle autour d’un thème.

L’une des classes est chargée de faire une sorte de représentation sur ce thème, qui mélange réflexions des enfants et sketches pour les illustrer, et se termine souvent en musique. Il peut aussi y avoir un intervenant extérieur.

C’est donc un moment très riche puisqu’il permet de faire réfléchir les enfants sur un thème (qui peut être en rapport avec la vie en communauté, l’environnement, le respect des autres…), et de leur apprendre à s’exprimer en public : pas forcément évident de déclamer sa réplique devant les deux cents autres élèves ! Tout cela dans un cadre ludique ; pour eux, l’assembly de leur classe est un grand moment, un peu comme le spectacle de fin d’année. Chez nous, les petits en font une par an et les grands deux.

C’est aussi le moment de la remise des récompenses et certificats divers et variés, très motivants aussi pour les enfants.

Assembly de Pâques avec les fameux chapeaux de Pâques confectionnés à cette occasion:

La classe de Fille Cadette a fait son assembly sur le thème de l’amitié, inspiré de Toys Story :

Quant à Fille aînée, ce fut sur le thème plus sérieux de l’environnement, avec des petits sketches sur les enfants apprenant à leurs parents à trier et faire des économies d’énergie. (ce qui m’a rappelé des journées torrides sur la Côte d’Azur lors desquelles des éco-terroristes  en culotte courte m’interdisaient de mettre la clim dans la voiture).

Puis sur le fait d’être responsable avec en final, la chanson « Man in the mirror » de Michael Jackson.

Pour donner un exemple, la phrase que Fille aînée devait dire était « When you make a bad choice or a mistake, be responsible and admit that you did it. » (Lorsque tu fais un mauvais choix ou une erreur, sois responsable et reconnais-le.)

Aujourd’hui, elle en fait une autre sur l’art d’être efficace dans son apprentissage. C’est du sérieux ! Quant à moi je fais l’école buissonnière au Salon du Livre de Paris où le soleil brille et me fait regretter que toutes ces conférences passionnantes n’aient pas lieu en terrasse de café.

Les cahiers au feu, les notes au milieu

Point de cahiers ni même de trousses dans les cartables de mes filles. Elles nous rapportent en revanche moult oeuvres d’art pour lesquelles je peine à trouver une place dans l’appart : maisons de poupées en carton, sculptures (?) indéterminées, branches d’arbres dorées, couronnes en papier (au moins huit à ce jour, doit-on y voir un rappel que nous vivons dans une monarchie ?)

Les devoirs, donnés le vendredi pour le mercredi afin que les familles mieux organisées que nous puissent répartir la charge de travail sur le week-end et le début de semaine, sont des feuilles volantes rangées dans une pochette transparentes. Une fois faits et corrigés, ils repartent à l’école, où je suppose qu’ils sont classés quelque part ? Mystère pour l’instant sur ce point. Une autre pochette sert à transporter le petit livre de lecture, 16 pages pour Cadette et 32 pour Fille Aînée en ce moment, qui est changé deux fois par semaine. C’est tout. Point de listes de fournitures non plus (la rentrée gagne en agrément !), tout appartient à l’école et reste sur place. Le cartable est donc très léger. Un peu frustrant pour les parents cependant : on voit très peu ce qui est fait en classe. Si on veut en savoir plus, il faut demander un RDV à l’enseignant.

Pas de notes non plus,  mais des appréciations, toujours positives ou encourageantes. ça peut aller de « Amazing Homework this week, well done » à « Well done, but where is your numeracy homework, Fille aînée ? » lorsque ladite Fille Aînée avait malencontreusement oublié de faire ses exercices de maths. D’après mon expérience et celle de mes amies, il me semble que le système est beaucoup moins formel qu’en France, davantage inspirée des pédagogies comme Montessori qui insistent sur le respect du rythme de chaque enfant. Positif ne veut pas dire laxiste et il est déjà arrivé à l’une d’elles de devoir rester un midi pendant la récréation pour terminer des exercices qui avaient été un peu délaissés au profit de longues séances de bavardage avec sa «  »best friend ever ». Sauf qu’on n’insiste pas sur l’aspect punition de la chose ou son côté humiliant mais on fait ce simple constat : tu n’as pas fini tes exercices parce que tu as préféré bavarder, eh bien tu resteras pendant la récré de midi pour les faire.

Pas de notes donc mais une progression suivie et individualisée grâce à des groupes de niveaux en maths et en anglais, et un cheminement individuel divisé en 11 « levels » pour l’apprentissage de la lecture.

Très populaires aussi, les « teampoints », des points que l’enfant gagne pour son travail individuel mais qui sont reversés au pot commun de l’équipe, exactement comme dans Harry Potter : « 3 points pour Gryffondor ! », ce qui me fait supposer qu’il s’agit d’une pratique courante en Angleterre. En plus de ces points d’équipe, l’enfant reçoit aussi des autocollants et autres bons points qui s’accumulent selon un système que je n’ai pas encore tout à fait compris, et qui donnent droit à des « certificates« , sortes de « Prix », qui sont ensuite décernés par le directeur de l’école, lors d’un rassemblement de plusieurs classes. La différence avec les Prix tels qu’ils étaient conçus autrefois en France, c’est qu’on constate un niveau atteint par l’élève ou une réalisation particulièrement intéressante, mais sans notion de concours.

D’où cette magnifique citation franglaise de Cadette : Maman, il ne me manque plus que un sticker sur mon award-card et j’aurai mon certificate !

The show must go on

Depuis un mois, Fille Cadette répète tous les jours ses chansons pour le spectacle de Noël de l’école, une « nativity play », qui raconte donc la naissance de Jésus. Oui, elle est dans une école publique et la première fois que je l’ai entendue chantonner « Two thousand years ago, in Bethleem… » j’ai été surprise, mais ici, il n’y a pas du tout le même attachement à la laïcité qu’en France. Toutes les religions sont abordées à l’école. C’est donc avec un certain attendrissement les premiers jours puis une certaine lassitude par la suite, en passant par une certaine fierté devant sa ténacité, que nous l’avons entendue répéter inlassablement toutes ses chansons tous les jours  en vue du Christmas concert. Je précise au passage que la musique et le chant, c’est du sérieux ici. Les deux activités ont une place importante(et  distincte) dans l’emploi du temps. De même, les répétitions du spectacle ont pris le pas sur tout le reste ces derniers jours.

Or ce matin, alors que je marchais à toute allure vers l’école, fièrement mais un peu à la bourre, dûment armée de mon appareil photo pour immortaliser la performance, je me suis rendu compte que j’avais des appels en absence de mon cher et tendre. Je précise que Monsieur n’est pas du genre à appeler pour ne rien dire donc je me suis tout de suite un peu inquiétée.

– Tu es dans le métro ? Les filles vont bien ?

– Euh c’est-à-dire que… Fille Cadette est tombée et elle s’est ouvert le front et…

Je ne crois pas vous avoir raconté que lors de son premier jour dans cette école, Fille aînée était également tombée, s’était ouvert le genou et était arrivée l’uniforme déchiré, plein de sang et de boue (j’exagère à peine). Faut-il en tirer des conclusions à part que la loi de Murphy existe bel et bien ?

Bon. Certes il y a des choses plus graves mais je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir une grosse boule dans la gorge quand je suis arrivée à l’école. Bien évidemment en me voyant entrer dans l’infirmerie, ma pauvre petite fille cadette, bien amochée, a éclaté en sanglots.

La déception était trop forte. Il était 9h30. Tous les parents étaient assis dans la salle de spectacle et les enfants commençaient déjà à s’installer sur scène.

L’infirmière de l’école a été adorable. Elle a nettoyé ses blessures, l’a réconfortée, félicitée pour son courage (Fille Cadette a même eu droit à un autocollant « bravery award ! ») et l’a vite emmenée à sa classe. En voyant les autres enfants passer dans le couloir pour entrer sur scène, nos petits coeurs de parents étaient bien serrés…

Finalement l’infirmière super gentille et super-efficace, a réussi à l’amener à temps sur scène, où elle a été prestement revêtue de son petit costume de colombe.

Et elle a chanté, tant bien que mal, avec son gros pansement sur le front, sa coupure sur le nez et son costume mal mis qui tombait toutes les deux minutes mais elle a chanté, un peu perturbée au début, puis de plus en plus assurée, contente d’être là. Elle a même apporté un message à l’Ange Gabriel lui-même, donc sans elle, Jésus ne serait pas né, vous imaginez la cata … Quant à nous, nous avons même eu droit à un traitement de faveur, on (toujours la même superwoman infirmière/assistante sociale) nous a fait monter sur une mezzanine d’où on avait une super vue sur le spectacle. C’est là que je me suis rendu compte, après avoir trouvé l’angle parfait pour filmer notre courageuse descendance, que la batterie de mon appareil photo était morte. Je vous mets donc une vidéo des répétitions.

Inutile de dire que nous avons oscillé pendant tout le spectacle entre le sourire béat et les larmes aux yeux…

Equivalence école anglaise/école française

Les Anglais ne font rien comme tout le monde, c’est connu.

Pour les parents qui scolarisent leur enfant dans le système anglais, il est parfois difficile de comprendre qu’il n’y a pas d’équivalence stricte entre les deux systèmes. Déjà, l’école primaire dure 7 ans en Angleterre au lieu de 5 en France. Elle peut être précédée d’une année de Nursery (non obligatoire et pour laquelle l’obtention d’une place est soumise aux disponibilités). L’enfant rentre autour de 5 ans en Reception, qui est une sorte d’introduction à l’école et à la vie en communauté, puisque certains n’ont jamais été scolarisés. Ensuite il passe en Year 1, Year 2… et sort de Year 6 vers 11 ans.

On considère souvent que la Reception correspond à la Grande Section, Year 1 au CP et ainsi de suite. Problème, si Year 5 est l’équivalent du CM2, à quoi identifier la Year 6 ? D’autres personnes préfèrent donc considérer que Year 6 = CM2 mais on ne peut pas dire que la Reception corresponde à la Moyenne Section de maternelle : on y apprend beaucoup par le jeu, certes, mais on commence déjà la lecture et l’écriture. De plus, dans une même classe, le niveau peut être très hétérogène. On ne redouble pas, mais chaque enfant progresse à son rythme. En lecture par exemple, mais j’en reparlerai, les enfants reçoivent deux ou trois fois par semaine un petit livre à lire à la maison, livre qui fait partie de toute une méthode de lecture structurée en onze niveaux (stages), contenant chacun une douzaine de petits livres qui balayent toutes les difficultés de la langue.

Il est donc impossible de calquer exactement les deux systèmes, pour plusieurs raisons. Il existe tout d’abord une différence culturelle : la manière d’aborder les apprentissages n’est pas la même. Ici on passe beaucoup par le jeu, on va toujours du concret à l’abstrait. Mais aussi une différence de calendrier, qui introduit un décalage mathématique.

Exemple :

Adèle est née en février 2006. En France elle serait en Grande section de maternelle, avec sa copine Elise, née en octobre 2006.

Eh bien si toutes les deux déménagent en Angleterre, Adèle sera en Year One, tandis que Elise sera en Reception, un an en-dessous. Elise n’a pas redoublé, Adèle n’a pas sauté de classe, c’est juste le système qui n’est pas le même puisque la coupure se fait en Angleterre au 31 août (pas absurde me direz-vous dans le cadre scolaire…) et en France au 31 décembre. Il y a donc quatre mois de décalage entre les deux systèmes, ce qui rend impossible une équivalence stricte.

Deuxième exemple :

Célestine est née en septembre 2004. En France elle serait en CE2 tandis que son ami Augustin né en juin 2005 serait en CE1. En Angleterre ils se retrouveront tous les deux en Year 2.

Bon, vous avez compris ou je continue ?

Donc, comme dans beaucoup de domaines quand on part à l’étranger, la seule chose à faire est de ne pas se stresser. So what si l’enfant « perd une année » ? Il aura tellement appris de cette expérience en école anglaise !

Evidemment, il y a aussi beaucoup à dire sur les différences de programmes et le rapport au savoir, beaucoup moins académique en Angleterre qu’en France. Je découvre tout cela peu à peu et c’est passionnant.

Si vous avez une expérience à partager notamment sur le passage d’un système à l’autre (de l’école anglaise au lycée français par exemple) ou le retour en France après une expat (tests de niveau ? problèmes avec l’inspection ?), je suis toute ouïe…

un spectacle de fin d'année des Year 6 dans notre école

Les Martiens débarquent à l’école

Lundi matin, un panneau sybillin nous attendait à la porte de l’école :

« Veuillez emmener votre enfant directement dans la cour ». Je m’exécute, croyant qu’il s’agit seulement d’une tentative de fluidifier les allées et venues. Mais non, surprise, toute une partie de la cour est fermée par un ruban de couleur. « It’s a crime scene ! » s’exclame un enfant qui a dû voir un peu trop de séries policières pour son jeune âge. Heureusement, il se trompe, il s’agit d’un spectacle qui attend les enfants : de grands personnages, un Martien/Alien et un autre tout droit sorti de Star Trek, sur des échasses et d’autres en costumes qui évoquent Bioman. Vous constaterez que je n’ai pas tout compris au scénario mais du coup, c’est une ambiance de fête en ce lundi, matin, avec un temps splendide qui ne gâche rien.

« Welcome to the writing week ! » lance le directeur de l’école dans un porte-voix.

En effet cette semaine est dédiée à l’écriture. Les enfants ont dû apporter un objet original dans un sac en papier qui leur a été remis vendredi dernier. Fille aînée a choisi un plan de Kew Gardens et Fille Cadette la grosse clé en plastique jaune de leur cabane. Que vont-ils en faire, mystère mais les enfants sont ravis et commencent cette semaine dans la bonne humeur.

J’ai eu quelques explications un peu plus tard. Les enfants ont dû écrire un texte sur ce qui s’était passé. Fille Cadette a écrit : « I see a alien and he gonna catch Mr Formella » [le directeur]. Répété avec son petit accent british trop craquant, c’était trop mignon. Fille aînée a écrit une histoire sur des extra-terrestres qui viennent sur Terre pour chercher des arbres. Et comme elle voit les choses en grand, les aliens ont emporté tout Ealing avec ses parcs. Mercredi matin, il y avait carrément des os et du sang d’alien dans la cour, une sorte de tente funéraire, le tout sur fond de musique lugubre… apparemment l’humour noir anglais s’inculque dès le plus jeune âge.

Et vendredi matin, déguisement pour toute l’école. Je ne suis pas sûre qu’elles aient l’air d’aliens mais on s’est bien amusés.

Coiffure multicouettes de Fille Aînée by Antoine

Air buté de Fille Cadette by elle-même

 

Inspection

A deux jours des vacances scolaires (eh oui, on bosse en Angleterre – il faut dire qu’on n’y est pas gênés par la chaleur…), notre école est en ébullition. Depuis trois jours, nous n’arrêtons pas de recevoir des SMS du style :  » Il est d’importance vitale que tous les enfants soient à l’école demain, et à l’heure » ; « Si vous faites un packed lunch pour votre enfant, prière d’éviter bonbons, chips et chocolat » ; « Apportez bottes et vêtements de pluie car nous allons jouer dehors malgré le temps. »  Ah bon ? On va manger des concombres et jouer sous la pluie au lieu de se bâfrer de chips en regardant des vidéos ? (J’exagère mais je trouve ces efforts de dernière minute un peu euh, comment dire, hypocrites ?)

Que se passe-t-il donc ? Pourquoi le directeur est-il dans tous ses états ? Pourquoi l’après-midi de transition permettant aux parents de discuter avec le professeur de l’année en cours et celui de l’année prochaine a-t-il été annulé ?

A cause d’une visite… Non pas celle de la Reine mais, bien pire, celle des inspecteurs de l’OFSTED, cet organisme vénéré des parents et redouté des écoles, qui établit des rapports sur les différentes écoles, leur attribuant une note ( 1, 2, 3 ou 4 : Outstanding, Good, Satisfactory, Inadequate) qui suffit à elle seule à provoquer un afflux de demandes d’inscriptions (ou pas) et à faire grimper de façon vertigineuse le prix des maisons environnantes. Pour les écoles de niveau 1, « outstanding », les listes d’attente sont énormes et il faut vraiment habiter à trente mètres de l’école/avoir un frère ou une soeur déjà scolarisé là/être en famille d’accueil pour avoir une chance d’y être pris. Notre école a seulement une note de 3 ( arrivée en milieu d’année = pas trop de choix) mais honnêtement nous en sommes très contents et je pense que le rapport de l’OFSTED qui date de 2008 ne fait pas justice aux efforts de l’équipe, à la qualité de l’enseignement ni à l’ambiance sympathique qui y règne grâce à tous les évènements organisés par le PTA (Parents Teachers Association).

L’OFSTED évalue l’école sur de nombreux points, pas seulement la qualité de l’enseignement mais aussi les projets artistiques, la ponctualité et l’assiduité, l’éducation à une bonne hygiène de vie, le bien-être et la sécurité des enfants, leur comportement, et les progrès réalisés depuis la précédente inspection. Après l’inspection, un rapport très détaillé est publié en ligne, avec parfois des détails un peu choquants pour un lecteur français sur l’origine ethnique des élèves et leur niveau social. Certes ce n’est qu’un élément parmi d’autres mais cela peut créer un phénomène de ghettoïsation.

Bref, le nouveau directeur devait espérer une inspection pour redorer le blason de son école, mais certainement pas à deux jours des vacances, alors que de nombreux enfants sont déjà partis (surtout ceux originaires du Japon, Nouvelle-Zélande ou Inde qui partent dans leur famille), alors qu’on ne travaille plus guère, alors que le spectacle de fin d’année a fini à 22h la veille de l’inspection et que tous les élèves vont bâiller aujourd’hui…

Bonne chance quand même, vous méritez largement le niveau 2 !

Et pour les parents en projet de déménagement à Londres, sachez que les rapports OFSTED ne présentent qu’une facette de l’école ; le mieux est de participer à l’une des visites organisées régulièrement pour sentir l’atmosphère, voir quel est l’état d’esprit de l’équipe enseignante et se faire sa propre idée.

School

Ici, on porte un uniforme à l’école et c’est clairement ce qui marque et amuse le plus nos filles.

allez, je ne résiste pas à remettre cette photo...

Mais ce n’est pas la seule différence. C’est d’ailleurs assez agréable de découvrir un autre système éducatif, moins académique et d’autres méthodes pédagogiques.

La semaine de classe s’étale sur cinq jours (plus de mercredi pour inviter les copines, qu’ils sont loin les pique-niques sur la plage du Ponteil ou de la Gallice…)

un petit souvenir de septembre 2010

mais les journées sont courtes, très courtes pour qui veut essayer de travailler un peu pendant ce temps : 8h55-15h15 pour nous. Avec les trajets en plus, ces quelques heures filent à toute allure. Plus question d’aller faire du yoga ou nager entre midi et deux…

J’ai l’impression que ce rythme convient aux enfants et je ne remarque pas spécialement de fatigue arrivée au vendredi, mais je ne saurais pas dire si c’est mieux ou moins bien que le système français. Du coup, après l’école, on a le temps de faire des activités sportives, tennis pour Cadette, gym pour Fille aînée et escalade pour les deux. Mais bien sûr cela suppose que l’un des deux parents soit dispo pour les accompagner. Je me suis demandé si cela avait un impact sur le travail des mères mais il y a tout de même deux tiers des mères de famille anglaises qui travaillent, dont 38 % à temps partiel. Donc l’école propose aussi des breakfast clubs et after-school clubs pour étendre ces horaires riquiqui. Nous n’avons encore testé mais il me semble que c’est comparable aux garderies et centres de loisir français, même pour les primaires. Certains after-school proposent aussi une aide aux devoirs et je trouve que « homework club », ça fait tout de suite plus fun qu' »étude dirigée. »

En Reception (classe à peu près équivalente à la Grande Section de maternelle) qui est un peu une introduction à l’école primaire dans laquelle elle est intégrée, on travaille encore beaucoup par le jeu et les chansons, peut-être plus qu’en France ou en tout cas plus qu’à l’école St Claude d’Antibes. Cadette n’arrêtait pas de me dire au début : « On travaille même pas à l’école ici, on fait que jouer ! » Mais c’est fou tout ce qu’elle apprend de cette façon.

Pour Fille aînée en Year 2, il est encore un peu tôt pour que je me rende compte du travail fait en classe mais le niveau me semble plus « faible » d’un strict point de vue académique. cela ne nous inquiète pas du tout parce qu’au retour en France elle sera capable de rattraper très vite le temps perdu mais nous allons sans doute compléter un petit peu avec le CNED ou la petite école du samedi, des cours organisés exprès pour les élèves français scolarisés dans le système britannique et qui veulent garder un pied dans le système français. Dans le principe, je trouve ça super mais est-il judicieux de rallonger encore leur semaine de travail ? Pour l’instant, entre les livres qu’elle dévore, les énigmes mathématiques de son père, les musées qu’on visite et les innombrables questions qu’elle nous pose, je ne me fais franchement pas de souci…