Flattery, thy name is British

« Sachez, mon bon monsieur, que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute »

Que ce soit ou pas à cause de cette phrase inscrite dans notre inconscient collectif, pour nous Français, la flatterie est connotée de manière négative.

Les Anglais en revanche, ne rechignent pas à la flatterie ou disons à une avalanche de compliments. Parfois je ressors des entretiens parent-prof gonflée de fierté et puis je me souviens que c’est tout à fait normal ici de s’extasier sur les capacités incroyables et extraordinaires de l’enfant. Il m’est arrivé en discutant avec une autre maman de me rendre compte que la maîtresse nous avait dit exactement la même chose à l’une et à l’autre sur notre enfant doué de capacités « qu’elle n’avait jamais vues ! » Nous avons décidé tacitement, l’autre maman et moi, de faire comme si cette conversation n’avait jamais eu lieu afin de garder tant bien que mal nos illusions…

Rappelons au passage que le « bullshit », que l’on peut traduire poliment par « baratin » a tout de même sa propre page  wikipedia et son abréviation « B.S ». Révélateur, non ?

Tout cela, chers amis, n’est pas inné. On apprend le bullshit, ou disons pudiquement,  la flatterie pour parvenir à ses fins,  à l’école.

Pour preuve, le cahier de Fille Aînée sur la construction du texte argumentatif. (Elle est en Year 5/CM1).

Construire une lettre argumentative.

1°Introduction

2° Flatterie

3° Expliquez vos raisons

4° Raison supplémentaire

5° Emotions. Utilisez-les !

6° Exagération. Utilisez des mots forts (WOW words)

Cette leçon vaut bien un fromage sans doute ?

J’ai regardé un peu les leçons équivalentes dans le système français et chez nous, on reste très cartésien : Intro – argument – argument- … – conclusion

Je dois dire que Fille Aînée a bien retenu la leçon.

Un extrait de sa rédaction, très pragmatique et très british :

Dear Zoo Keeper,
I am sure that you love and care your animals…
However, I am not certain that you’re an expert at zookeeping, for when I came to the zoo, the animals looked bored and their environment was not well recreated.
To recreate their environment, you will need plants or ice.
At the end of the day, I am sure that you will notice more and more people will come to your zoo.
I would like to draw your attention to the fact that if people think you don’t care well for your animals, they will not come.
[…]
Yours sincerely,
H.P

Tout va bien

autumnal mood

Tout va bien, sauf que :

Je me suis un peu enflammée suite à la publication de ce billet qui a parlé à beaucoup de gens (c’est mon nouveau record de pages vues en une journée) et j’ai voulu faire ma maligne en me mettant sérieusement au sport. Je me suis trouvée une copine très sympa pour courir, elle a juste oublié de me préciser qu’elle avait été championne de natation et d’aérobic et qu’elle était complètement obsédée par le sport (il faut dire que notre première rencontre autour d’une bouteille de vin m’avait donné une fausse impression). Bref, je ne sais pas si c’est d’avoir couru plusieurs jours de suite ou bien un faux mouvement au Pilates mais je me suis fait atrocement mal au cou et au haut de la colonne vertébrale. Résultat je peux à peine bouger et la position assise devant l’ordi n’est pas géniale. Ou alors c’est mon inconscient qui ne veut VRAIMENT pas que je me remette au sport…

L’école ferme aujourd’hui à 13h30 pour les entretiens parents/profs. Et oui c’est ça aussi l’école anglaise, ils font toutes leurs réunions, spectacles et autres en plein milieu de la journée comme si tout le monde travaillait à domicile. Vous me direz que justement je travaille à domicile, certes mais j’ai une deadline pour jeudi prochain et il faut donc que je case au minimum 60 heures de boulot d’ici-là. Challenge accepted !

Pour corser un peu la chose, sinon ce ne serait pas drôle, Antoine est en déplacement et donc il m’a refilé la corvée du contrôle technique de la voiture, que je dois donc apporter demain en pleine journée dans un quartier très éloigné de la maison, youpi !

Ah et j’oubliais, on a une souris dans la maison et de l’eau qui coule du plafond de la cuisine (oui chéri, si tu me lis, ça a recommencé !)

Alors disons que lorsque l’école m’envoie des sms pour me rappeler de faire des « spooky cakes or cookies » pour la vente de gâteaux à l’école demain, la motivation est très très moyenne, voire inexistante, voire négative si c’est possible.

Quand je pense que certaines partent demain à l’Ile Maurice…

Sept spécificités de l’école anglaise

Pas de liste de fournitures à la rentrée, youpi, tout est fourni par l’école et tout reste là-bas. Les cartables (book bags) sont légers comme des plumes. Il ne servent qu’à transporter les livres de lecture (petits livres d’une trentaine de pages que l’on change à son rythme).

Wet play : Bizarrement, dans notre école, pas de préau. Or le temps londonien étant ce qu’il est, nos chères têtes blondes sont souvent dans l’impossibilité de jouer dehors à la récréation (playtime). Donc un système a été mis en place, le « wet play », qui ne consiste absolument pas à jouer avec des trucs mouillés, mais à jouer à l’intérieur en cas de mauvais temps. Les enfants possèdent un wet play book, pour faire des jeux, des dessins etc… Et quand les maîtresses n’en peuvent vraiment plus, elles dégainent bien sûr l’arme du DVD. C’est comme ça que Cadette a vu je en sais combien de fois le début de Madagascar, et jamais la fin.

Lunch box. Personne ne rentre chez soi le midi ; la pause déjeuner est beaucoup plus courte qu’en France et les horaires décalés selon les classes pour des questions de place dans le grand hall qui sert à la fois au sport, aux rassemblements divers et à la cantine grâce à un ameublement modulable. On a désormais le choix entre apporter son déjeuner (packed lunch)  ou manger à la cantine (school dinner). Bien sûr, mes filles me supplient de leur faire des lunch boxes, mais le mardi parce que le mardi telle copine le fait aussi, oh et puis finalement le mardi il y a des hot dogs à la cantine alors je ne veux plus de packed lunch. Sauf qu’il faut genre six semaines de préavis auprès de la cantine pour changer de jour. Grrrr…

L’uniforme bien sûr : je l’apprécie car il limite (oui on a quand même le choix entre robe, jupe ou pantalon, polo ou chemisier, sweat ou cardigan et il n’en faut pas plus à Cadette pour nous faire tourner en bourriques) les discussions du matin sur l’habillement. Il est aussi très efficace pour gommer les inégalités sociales et renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté, surtout dans notre école où tant d’élèves viennent d’horizons différents.

Les clubs : comme la classe se termine à 15h15, il reste du temps pour les activités et certaines sont organisées à l’école même, donc pas besoin de venir rechercher son enfant pour le conduire, tout est sur place (ô joie !) C’est ainsi que Cadette fait de la danse le lundi et Fille Aînée du théâtre le mardi. Il existe aussi un Science Club, un homework club qui ressemble à une étude surveillée, un poetry club le midi que Fille Aînée a beaucoup aimé l’an dernier et qui lui a permis de s’approprier un peu mieux la langue anglaise. Certaines activités facultatives comme la chorale ou les cours d’instruments empiètent même sur le temps de classe. Je ne sais pas trop comment ils se débrouillent ensuite pour rattraper.

Le travail par équipe est encouragé, bien plus que la compétitivité individuelle, ce qui me semble très sain et intelligent, utile pour la suite de leur vie. Ils ont toutes sortes de projets qui font entrer en jeu plusieurs matières à la fois, par exemple imaginer la création d’un parc d’attraction, prévoir combien on va faire payer, combien on prévoit de visiteurs etc… C’est très concret. Les différentes équipes reçoivent des points, un peu comme dans Harry Potter et l’équipe gagnante à la fin de la semaine, décide ce que la classe va faire lors du Golden Time, temps libre le vendredi après-midi.

On encourage aussi beaucoup la créativité et la confiance en soi : par exemple en cours d’informatique, en ce moment, ils travaillent sur simple English Wikipedia, le Wikipedia en anglais pour les gens dont l’anglais n’est pas la langue maternelle. Chacun doit rédiger un article sur un sujet qui l’intéresse et qu’il connait bien. Fille aînée a décidé d’écrire un article sur la Seconde guerre mondiale. Carrément. Et je trouve ça génial que la maîtresse la laisse faire, sans lui dire qu’elle n’a pas l’expertise nécessaire ou que cela a déjà été fait. Elle va trouver quelques détails à ajouter à l’article existant, par exemple sur l’évacuation des enfants de Londres à la campagne. C’est une belle manière de leur donner confiance en eux et en leurs compétences.