Nouvelles pêle-mêle

Quelques bribes de tous ces billets que je n’ai pas écrits ou que j’ai à peine commencés dans ma tête…

Les derniers mois ont été tellement remplis que je n’ai pas eu le temps de trop me poser de questions et c’est très bien comme ça !

La recherche d’une maison et des écoles en France, ou quand les planètes s’alignent et qu’on se sent presque étonnés de ne pas rencontrer plus d’obstacles sur notre route. Ce moment où on s’est dit que l’administration française, finalement, même pas peur ! Je vous rassure, on a déchanté plus tard quand l’employée de la mairie nous a appelés trois jours avant la rentrée pour nous dire que notre fille n’était pas inscrite à l’école et que nous n’avions pas fourni toutes les pièces qu’elle nous avait demandées au téléphone. Inutile de lui expliquer qu’elle ne nous avait jamais parlé au téléphone, c’est forcément nous qui avions tort 😉

La mélancolie d’une période qui s’achève, les lieux dont je savais qu’ils allaient me manquer. Ce n’était pas forcément les plus emblématiques mais les plus quotidiens, les parcs tout proches de chez moi, Walpole et Lammas à Ealing, Richmond et Kew bien sûr. Et aujourd’hui quand je vois une photo passer sur le mur d’une amie, je suis encore tout étonnée que ces lieux ne soient plus « les miens ».

Waterlily house forever

Les adieux aux amis de Londres, les derniers dîners, derniers apéros, derniers cafés, tous ces moments qui à la fois faisaient chaud au cœur mais laissaient un goût d’inachevé, ces relations qui auraient eu besoin d’un peu plus de temps pour s’approfondir et s’épanouir, ces personnes que j’ai eu le sentiment de découvrir trop tard, d’autres qui sont des amis pour la vie et que je n’ai pas peur de perdre de vue mais qui vont nous manquer…

l'adieu aux amis d'Ealing

Long live the Kajuro gang ! (Kaho, Apolla, Juliette and Rouchan)

dernière promenade dans le Sussex avec des super copains

Les copines blogueuses de Londres

Le trajet en avion, cet étrange aller simple pour Nice, l’arrivée sur le tarmac brûlant par 40 °C avec cette impression d’avoir ouvert la porte d’un four. Choc climatique suivi d’un choc culturel avec l’accueil très particulier des employés d’Europcar que je ne sais comment qualifier, entre désinvolture, hostilité et incompétence, des Anglais derrière nous scotchés par le manque de service client. Bah oui parce qu’en France, servir un client est forcément dégradant. Il faut le maintenir dans une sorte de distance méprisante avant de condescendre à s’occuper de lui. (Franchement je caricature à peine, c’est malheureusement très souvent le cas).

Le plaisir de retrouver de bons produits frais et locaux même dans les petits supermarchés et restos sans prétention, du bon pain. C’est peut-être un détail pour certains mais les expats me comprendront !

La chance d’être dans une région internationale et que Fille Aînée (et Cadette dans deux ans) puisse aller à un collège international, avec des cours en anglais et, cerise sur le gâteau, des profs qui ont tous l’air d’adorer leur métier !

Les retrouvailles avec les amis de France, ce sentiment d’appartenir déjà à une communauté. Ce pique-nique sur la plage au clair de lune où les enfants ont fait griller des chamallows sur le feu [feu interdit mais toléré sur cette plage de galets]. Ambiance magique. Thanks Jane if you read this 😉 Cette soirée mémorable fut aussi l’occasion de découvrir une attitude plus relax qu’en Angleterre par rapport à la sécurité. Quand une petite fille s’est brûlée sur un galet trop chaud, une maman a fait remarquer : « Ah oui, la dernière fois aussi un enfant s’est brûlé. La prochaine fois, il faudra penser à la Biafine ». Dans le Sud on est cool !

Se rendre compte que le monde est décidément très petit : à Londres je suivais la blogueuse Nathalie de 5 in the US. Or, elle et sa famille viennent de rentrer eux aussi en France. Dans la même région que nous. Et non seulement ses aînés sont dans le même collège que fille aînée mais son fils Minilou est dans la même classe que Cadette et ils sont devenus super copains !

Et bien sûr, c’est reparti pour de belles randonnées !

Dans les gorges de la Siagne

Et pour changer de ma (célèbre) chambre sans fenêtre, la vue sur les collines qui nous offre de majestueux couchers de soleil presque tous les soirs.

sunset

Pour résumer, oui, vous me manquez les copains de Londres, mais on n’est pas trop malheureux !

Allez, une petite dernière du ciel bleu !

plage de la Gravette à Antibes

Retour au pays natal

La vue du cap d'Antibes

 

Cela devait arriver, ça traînait, ça m’obsédait, c’était prévu mais incertain, voilà que ça se précise très sérieusement : on rentre en France cet été. Pour de bon. C’est sans doute en partie à cause de ça que je n’ai pas beaucoup alimenté ce blog récemment. J’ai aussi été bien occupée ces dernières semaines.

Il m’a fallu quelques mois pour me faire à l’idée mais maintenant, ça y est, je suis prête. je n’ai pas de regret parce qu’on a énormément profité de notre vie ici, sillonné Londres et la campagne anglaise, les musées et les parcs, les collines verdoyantes et les jardins du National Trust, testé pubs et restos et surtout fait plein de belles rencontres. Accessoirement, les filles sont devenues bilingues au passage et si ça me parait tout naturel aujourd’hui, c’était quand même le but de l’aventure.

Pourquoi cette décision alors qu’on a une vie très agréable ici et plein d’amis ? Eh bien tout simplement parce que la vie à Londres est beaucoup trop chère pour nous et qu’on n’arrive plus à suivre, c’est aussi bête que ça. Un exemple, ma propriétaire vend notre appartement à un prix qui est le double de notre budget pour acheter. Si nous voulions rester ici, il faudrait partir loin de Londres, changer les filles d’école, tout ça pour être dans un endroit moins sympa, quel intérêt si on peut tout aussi bien rentrer en France dans une belle région (peuplée d’Anglais !)  Si je vous dis tout cela très simplement, sans idéaliser la situation, c’est parce que je reçois pas mal de mails de Français qui ont envie de venir en Angleterre, et que j’ai parfois l’impression de donner une vision trop idyllique de notre vie ici.

Qu’en pensent les filles ? La première réaction de Cadette a été : « If we’re moving back to France, I’m gonna kill myself » (note de la traductrice : pas ravie, la fillette). Mais elle s’y fait peu à peu, et je vais tout faire pour garder le contact avec ses copines d’ici, en prévoyant certainement de revenir une semaine dès la Toussaint, afin que les adieux en juillet ne soient pas trop durs. Je sais bien qu’une fois en France, tout ira bien, elle s’adaptera mais ce sont plutôt les mois avant le déménagement que je redoutais ; finalement j’ai l’impression qu’elle a déjà accepté et qu’elle profite de la vie ici sans se poser trop de questions. En gros, ma fille de 9 ans est plus mûre que moi.

Celle de 11 ans m’a dépassée depuis longtemps en maturité, ça c’est clair. Pour elle, c’est plus facile puisqu’elle a fini le primaire et que toutes ses copines se dispersent dans différents collèges.  L’argument massue qui l’a convaincue est la perspective d’avoir sa propre chambre en France.

On va où ? On revient dans la région d’Antibes puisqu’Antoine va sans doute (rien n’est signé mais on fait comme si…) reprendre un poste à Sophia-Antipolis. Idéalement, j’aimerais Valbonne où il y a plein d’Anglais et des écoles bilingues. Ah les écoles bilingues, ça mérite au moins un autre billet entier…

Je n’abandonne pas le blog, je vais continuer à parler de nos balades ici jusqu’en juillet et puis je vais avoir plein de choses à vous raconter sur les préparatifs de retour et la réadaptation en France… A suivre…

Expat tag

Vue de Londres depuis Primrose Hill au coucher du soleil

Je ne suis pas très branchée tags et questionnaires (ne comptez pas sur moi pour vous parler rituels beauté ou accessoire fétiche) mais ce petit questionnaire de Margarida spécial expatriation m’a plu.

Alors voici quelques réponses.

1° expatriée toute seule ou par amour ?

Pour nous, il s’agit d’une expatriation familiale. C’est moi qui en avais le plus envie, étant amoureuse de l’Angleterre et de la langue anglaise, mais c’est  grâce au boulot d’Antoine que cela a pu se faire. Nous avions depuis longtemps envie de bouger ; nous avions beaucoup d’amis qui avaient pas mal voyagé, et cela nous a donné envie de tenter nous aussi notre petite aventure.

2° Depuis combien de temps es-tu de l’autre côté de chez toi ?

3 ans. Arrivée à Londres un 30 décembre dans la grisaille, logés dans un hôtel loin du centre de Londres, avec des virus dans nos bagages mais super heureux d’être là et de commencer une autre vie !

3° Quels sont les mets qui te manquent le plus de ton pays d’origine ?

Nous ne sommes pas bien loin de la France et on trouve tout à Londres (à condition d’y mettre le prix ) mais je n’ai pas encore trouvé de vraiment bon pain (en tout cas pas de bonnes baguettes). En général, nous demandons à nos visiteurs de nous apporter du saucisson et du chocolat. Et bien sûr les fruits et légumes que l’on trouvait sur les marchés dans le Sud n’ont pas leurs pareils…

4° Vis-tu à l’heure de ton pays d’accueil ou de ton pays d’origine ?

Nous avons gardé les habitudes françaises pour l’heure des repas. Un goûter pour les enfants vers 16h et le dîner vers 20h et non pas vers 17-18h comme les Anglais. A propos d’horaires, un truc auquel on s’habitue, ce sont les magasins ouverts tous les jours, et tard le soir pour certains.

5° Une chose que tu as toujours trimbalé avec toi :

Le ficus ! Il a fait pas mal de kilomètres avec nous : Toulouse, Massy, Juan les Pins, Antibes, Londres… Il est increvable !

6° Te sens-tu étrangère une fois par jour, une fois par semaine, une fois par mois ?

A Londres, tout le monde est étranger donc pas de problème ! Je veux dire par là que c’est une ville très internationale. Dans mon quartier, je ne sais même pas si les Anglais sont une majorité. A l’école, je dirais qu’il y a moitié d’Anglais, moitié d’une multitude d’autres nationalités. Donc les Londoniens sont hyper habitués aux étrangers et jamais on ne me l’a fait sentir. Et comme je parlais déjà bien anglais en arrivant, c’est plus facile de s’intégrer. Enfin je suis intégrée mais je n’ai pas vraiment d’amis anglais, et beaucoup de Français ont le même problème. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé. Je suis plutôt sociable mais il est bien plus facile de rencontrer des Français ou d’autres étrangers plutôt que des Anglais.

7° Songes-tu à un éventuel retour chez toi ?

Je n’ai pas vraiment de chez moi en France. Chez moi c’est ici pour l’instant. Mais mon mari qui aime la nature, les sports de plein air et la montagne a bien envie de rentrer en France d’ici un an ou deux.

Quand il pleut et qu’il fait froid plusieurs jours, voire plusieurs semaines de suite, je rêve à la lumière de la côte d’Azur…

8° Justement, que signifie pour toi l’expression chez soi ?

Pour moi c’est ici, à Londres, plus précisément à Ealing, dans cet appart qui s’effondre de toutes parts où nous habitons déjà depuis plus de trois ans. Nous n’avons jamais acheté d’appart ou de maison, donc je ne suis pas trop attachée à un endroit en particulier. [Alerte guimauve] Chez moi, c’est avec ma famille. [Alerte guimauve terminée].

9° Quelle est la leçon que tu tires, pour l’instant, de ces années d’expatriation ?

Leçon je ne sais pas, mais j’ai fait plein de découvertes. Sur le pays bien sûr, sur la langue. Aujourd’hui mes enfants sont bilingues, ce qui est une chance pour leur avenir mais surtout, elles ont une ouverture d’esprit extraordinaire, qu’elles n’auraient peut-être pas  eue aussi spontanément ailleurs.

Si, une leçon peut-être : malgré l’incroyable sentiment de liberté qu’on éprouve au début de l’expat, comme si on pouvait se réinventer, on reste fondamentalement la même personne, avec les mêmes traits de caractère. Et c’est très bien comme ça.

10° Réponse à cette question que j’ai oublié de te poser et à laquelle tu as envie de répondre :

Je suis très heureuse ici et très heureuse d’avoir fait ce choix de partir, de découvrir autre chose. Je serais ravie de retenter l’aventure ailleurs, mais ravie aussi de « rentrer » en France s’il le faut.

Tu sais que tu es rentré en France quand…

auberge NévacheDès le ferry ta fille t’informe qu’elle ne veut pas aller aux toilettes car « mais Maman, en France les toilettes c’est des trous ! »

A l’arrivée sur le sol français, passé l’amusement de voir les employés de péage te dire hello et goodbye parce que tu conduis une voiture anglaise, tu commences à avoir des noeuds au cerveau à force de conduire du bon côté de la route MAIS avec le volant à droite…

Tu peux te laisser gaver par ta famille de bon fromage, kouign amann et autres délices avec une relative bonne conscience puisque pauvre de toi, tu dois mal manger en Angleterre.

Tu sautes de joie dans un supermarché de province en découvrant de magnifiques tomates (produit de luxe à Londres) pour la somme de 0,99 EUR le kilo. Pour un peu, tu en rapporterais dans tes bagages avec la confiture de ta mère.

Tu as la joie d’entendre tes enfants abandonner un peu le franglais et parler, grâce aux grands-parents, cousins et amis, un français presque correct ! Bon, il ne faut pas trop leur en demander non plus. L’accent des fermiers de la Bresse reste une gageure : « Maman, je n’ai pas compris un seul mot de ce qu’il a dit ». Qui a dit que les accents régionaux avaient disparu en France ?

Tu dois te réhabituer aux serveurs mal aimables dans les restos, qui ne  s’excusent jamais quand ils t’ont fait attendre, se sont trompés dans la commande, t’ont oublié, voire quand la peinture verte bien flashy du mur du resto a déteint sur tous les pulls des enfants et que la patronne trouve ça parfaitement normal. Tu te consoles en te disant qu’au moins les échanges sont souvent plus spontanés, moins formatés qu’en Angleterre, mais tu songes tout de même qu’il y a des progrès à faire sur le service…

Tu visites un château et le guide, au lieu d’égrener les anecdotes un peu gore, enchaîne les dates et les chiffres. Il ne cesse de mentionner la fourberie de l’ennemi héréditaire, l’Anglais bien sûr, au grand amusement de tes enfants.

Aujourd’hui, c’est direction Home Sweet Home. Bonne rentrée à tous !

Une petite Anglaise à la plage

On ressort les vieux Picsou des placards

God save the Royal Family

Ma nouvelle chronique est parue dans Ici-Londres, illustrée comme toujours par la talentueuse Lili Bé :

Ici Londres Lili Bé

Que serait l’Angleterre sans la Famille Royale ? Pas de relève de la garde,  pas de Jubilé, pas de Royal Wedding ni de Royal Baby, quelle tristesse (et des jours fériés en moins) !

Présents sur une multitude d’objets souvenirs, du masque au mug en passant par les sacs à vomi pour ceux qui nourrissent à leur égard des sentiments plus mitigés, les Windsor constituent peut-être la plus grande attraction touristique d’Angleterre. Même les Français régicides s’amusent des coutumes d’un autre temps, comme le crieur de rue ou les coups de canon proclamant la naissance du petit prince. Au même titre que l’Union Jack, la famille Royale incarne et canalise une facette du patriotisme anglais. Avec ses soixante ans de règne et ses  douze premiers ministres, Elizabeth II représente à elle seule tout un pan de la mémoire du pays.

L’attachement des Britanniques  à la Reine et sa famille est bien sûr largement teinté de dérision, la famille royale constituant une source inépuisable de divertissement.  Le compte Twitter satirique de la Reine,  Elizabeth Windsor @Queen_UK , est un petit bijou d’humour. «  62 gun salute at the Tower of London. Partly to mark the birth of a #RoyalBabyBoy ; mainly to intimidate the French. » Ou encore : « Cancel the Scottish referendum. They can stay. #wimbledon #murray »

Certes, une partie de la population considère les Windsor comme des parasites, mais il est difficile d’évaluer ce qu’ils coûtent au contribuable par rapport aux revenus qu’ils génèrent.

En tant qu’étranger, on peut être sensible, dans un monde qui tend à l’uniformisation, à ce pays attaché à ses traditions. Et puis payer ses impôts à Her Majesty Revenue and Customs plutôt qu’au fisc, ça a tout de même de la gueule, non ?

C’est reparti pour un tour !

Baker street

Et voilà, après des mois d’incertitude qui ont usé notre patience et parfois même altéré l’harmonie légendaire de notre petite famille Ricoré, nous voilà fixés, nous restons à Londres deux ans de plus.

Fille Aînée se projette déjà (je me demande de qui elle tient ça ?!) dans la classe de mer de l’an prochain sur l’ile de Wight et même (je me demande vraiment de qui elle tient ça !) jusqu’au spectacle de fin d’année de Year 6 dans deux ans.

Fille Cadette est ravie mais elle était prête à rentrer en France aussi. Comme nous ne savions pas ce qui nous attendait, elles étaient inscrites en section internationale à Mougins où nous pensions déménager et la perspective d’une école bilingue (la moitié de la semaine en anglais, l’autre moitié en français) lui plaisait beaucoup. Nous avions aussi renoué avec les amis de la région antiboise et l’idée de retrouver le soleil et la mer n’était pas désagréable.

Après tout, vous me direz qu’on a la mer aussi ici, même si elle n’est pas tout à fait à la même température.

Cornouailles

C’est un sentiment un peu étrange : je suis contente de rester, de ne pas avoir à quitter tout de suite mes copines ni ce pays auquel je suis bien attachée, mais je m’étais tellement préparée psychologiquement à rentrer en France que j’ai été un peu déboussolée pendant quelques semaines. Maintenant, ça y est, j’ai retrouvé le rythme. Il faut profiter au maximum de ce que l’Angleterre a à nous offrir. Je continue l’aviron et je commence à me débrouiller un peu mieux. Fille Cadette qui adore chanter va essayer ce soir un cours de danse/chant/théâtre dans l’esprit comédie musicale dont les Anglais sont si friands.

Quant à Antoine, à moins qu’une montagne surgisse par miracle près de chez nous, je sais qu’il lui manquera toujours quelque chose ici mais je vais essayer de le distraire à coups de pintes de Guinness et de visites du National Trust.

Et même si nous avons toujours bien rempli nos week-ends (au point de passer pour des psychopathes auprès de nos amis), nous avons encore plein de choses à découvrir ici !

St Michael's Mount

Et à la rentrée, il va falloir mettre l’accent sur le français. Les filles parlent anglais presque tout le temps. 6 semaines en France cet été leur feront le plus grand bien (grands-parents, si vous passez par là, je compte sur vous pour les faire progresser dans la langue de Molière !) Nous allons opter pour le CNED en septembre. Je n’ai pas voulu les embêter trop jusqu’ici (et je manquais un peu de courage pour m’atteler à la tâche, soyons francs) mais au bout de deux ans et demi, je ne peux plus reculer si je ne veux pas qu’elles écrivent en langage SMS et qu’elles parlent franglais en permanence.

Alors à très bientôt pour la suite de nos aventures !

Au poste

Met-Police-logo

Hier, nous avons fait connaissance avec la London Metropolitan Police. Je vous rassure, je n’ai pas été arrêtée en état d’ébriété après mon premier Pimm’s de la saison, ni pour outrage à la décence publique après m’être fait bronzer à demi-nue par ces 16°C caniculaires qui nous ont accablé tout au long de la journée. Nous nous sommes tout simplement trouvées les filles et moi, dans le rôle d’innocentes victimes secourues par de valeureux officiers de police face à un terrible hors-la-loi.

Nous sortions du cours de danse quand Fille Aînée a remarqué depuis l’autre côté de la rue un individu patibulaire qui s’affairait autour de nos vélos bien attachés à un « rack » (comment on appelle ça en français ?). J’ai d’abord pensé charitablement (je ne suis que bonté) que ce brave homme était en train d’attacher son propre vélo. En même temps, à quoi pouvait bien lui servir la pince qu’il avait à la main ? Hum…

Mais avant d’avoir le temps de nous interroger davantage, nous avons vu débarquer une meute de policiers, en voiture et à pied, qui se sont saisis de l’individu. Fille Aînée, n’écoutant que son courage, s’est élancée pour dire aux policiers que le vélo était à elle, malgré les dénégations peu crédibles de l’individu passablement aviné. « Si, je vous jure, ce vélo violet taille fillette est à moi… hiiips ! »

Bref, je ne vais pas vous raconter tous les détails, mais on se serait cru dans une vidéo pédagogique sur le rôle de la police, protégeant le vélo d’une adorable petite fille contre un sinistre individu. Du coup, même si Cadette a eu un peu peur, c’est super pour elle de se dire que le « méchant » a été arrêté. Alors que si nous avions été toutes seules face à lui, ça aurait sans doute été un peu effrayant pour elles. Quand à Fille Aînée, elle a trouvé cela très « exciting ». Elles ont conclu toutes les deux que cela ferait un excellent sujet de « show and tell » pour l’école.

Nous avons su ensuite que le policier avait surpris la scène sur une caméra, c’est pourquoi il s’était précipité sur les lieux. On pense ce qu’on veut des caméras de surveillance, je suis assez contente en l’occurrence d’avoir récupéré notre vélo tout neuf et de n’avoir perdu que les antivols qu’il a eu le temps de couper.

Nous avons ensuite dû passer au commissariat pour faire une déposition. On nous a installées pour cela dans l’espèce de caféteria où d’autres policiers mangeaient une thaï chicken soup, si j’en crois mon infaillible odorat. Et attention c’était du sérieux ! Je n’aurais jamais cru qu’on pouvait écrire un texte aussi exhaustif sur une simple tentative de vol de vélo. Tous les détails y étaient, jusqu’à la couleur de nos antivols et aux horaires du cours de danse des filles. Ah, il n’a pas précisé qu’elles répétaient Singin’ in the Rain. Il faut peut-être que je le rappelle. J’ai eu un fou rire quand ils ont pris des photos des pièces à conviction : les antivols sectionnés. Cela faisait un peu les Experts à Ealing, version petit budget.

Et attention, il est possible que je doive témoigner en justice contre ce dangereux criminel ! Peut-être vont-ils devoir me mettre dans un programme de protection des témoins ?

Sept spécificités de l’école anglaise

Pas de liste de fournitures à la rentrée, youpi, tout est fourni par l’école et tout reste là-bas. Les cartables (book bags) sont légers comme des plumes. Il ne servent qu’à transporter les livres de lecture (petits livres d’une trentaine de pages que l’on change à son rythme).

Wet play : Bizarrement, dans notre école, pas de préau. Or le temps londonien étant ce qu’il est, nos chères têtes blondes sont souvent dans l’impossibilité de jouer dehors à la récréation (playtime). Donc un système a été mis en place, le « wet play », qui ne consiste absolument pas à jouer avec des trucs mouillés, mais à jouer à l’intérieur en cas de mauvais temps. Les enfants possèdent un wet play book, pour faire des jeux, des dessins etc… Et quand les maîtresses n’en peuvent vraiment plus, elles dégainent bien sûr l’arme du DVD. C’est comme ça que Cadette a vu je en sais combien de fois le début de Madagascar, et jamais la fin.

Lunch box. Personne ne rentre chez soi le midi ; la pause déjeuner est beaucoup plus courte qu’en France et les horaires décalés selon les classes pour des questions de place dans le grand hall qui sert à la fois au sport, aux rassemblements divers et à la cantine grâce à un ameublement modulable. On a désormais le choix entre apporter son déjeuner (packed lunch)  ou manger à la cantine (school dinner). Bien sûr, mes filles me supplient de leur faire des lunch boxes, mais le mardi parce que le mardi telle copine le fait aussi, oh et puis finalement le mardi il y a des hot dogs à la cantine alors je ne veux plus de packed lunch. Sauf qu’il faut genre six semaines de préavis auprès de la cantine pour changer de jour. Grrrr…

L’uniforme bien sûr : je l’apprécie car il limite (oui on a quand même le choix entre robe, jupe ou pantalon, polo ou chemisier, sweat ou cardigan et il n’en faut pas plus à Cadette pour nous faire tourner en bourriques) les discussions du matin sur l’habillement. Il est aussi très efficace pour gommer les inégalités sociales et renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté, surtout dans notre école où tant d’élèves viennent d’horizons différents.

Les clubs : comme la classe se termine à 15h15, il reste du temps pour les activités et certaines sont organisées à l’école même, donc pas besoin de venir rechercher son enfant pour le conduire, tout est sur place (ô joie !) C’est ainsi que Cadette fait de la danse le lundi et Fille Aînée du théâtre le mardi. Il existe aussi un Science Club, un homework club qui ressemble à une étude surveillée, un poetry club le midi que Fille Aînée a beaucoup aimé l’an dernier et qui lui a permis de s’approprier un peu mieux la langue anglaise. Certaines activités facultatives comme la chorale ou les cours d’instruments empiètent même sur le temps de classe. Je ne sais pas trop comment ils se débrouillent ensuite pour rattraper.

Le travail par équipe est encouragé, bien plus que la compétitivité individuelle, ce qui me semble très sain et intelligent, utile pour la suite de leur vie. Ils ont toutes sortes de projets qui font entrer en jeu plusieurs matières à la fois, par exemple imaginer la création d’un parc d’attraction, prévoir combien on va faire payer, combien on prévoit de visiteurs etc… C’est très concret. Les différentes équipes reçoivent des points, un peu comme dans Harry Potter et l’équipe gagnante à la fin de la semaine, décide ce que la classe va faire lors du Golden Time, temps libre le vendredi après-midi.

On encourage aussi beaucoup la créativité et la confiance en soi : par exemple en cours d’informatique, en ce moment, ils travaillent sur simple English Wikipedia, le Wikipedia en anglais pour les gens dont l’anglais n’est pas la langue maternelle. Chacun doit rédiger un article sur un sujet qui l’intéresse et qu’il connait bien. Fille aînée a décidé d’écrire un article sur la Seconde guerre mondiale. Carrément. Et je trouve ça génial que la maîtresse la laisse faire, sans lui dire qu’elle n’a pas l’expertise nécessaire ou que cela a déjà été fait. Elle va trouver quelques détails à ajouter à l’article existant, par exemple sur l’évacuation des enfants de Londres à la campagne. C’est une belle manière de leur donner confiance en eux et en leurs compétences.

Un petit miracle (suite du post précédent)

D’abord, suite à mon post d’hier, j’ai reçu pas mal de témoignages intéressants dans les commentaires et ce message de Sarah, une Anglaise, que je reproduis ici. Elle nous explique qu’il faut peut-être avoir souffert ensemble (!) ou au moins vivre des choses fortes pour créer des amitiés. Logique, non ?

English people, even Londoners, complain about the fact that it’s difficult to get to know people and make friends in London. It’s something London is well-known for. When I came back from living abroad I had the same problem. Saying that, when I lived in Amsterdam I found the Dutch initially very distant. I only felt that I started integrating into society there when I joined local sports clubs (rowing and diving). It took a while but after months of training (suffering!!) together, sharing experiences and helping each other all barriers broke down. I also discovered that not making a big thing about being English (i.e. different) helped the process.
I do think sport (or any other hobby) is a good way of integrating. Because right from the start you have something in common. There are non-English people in my walking club here in London and as far as I can see they’re not treated any differently. In fact took a French friend along one day and she remarked afterwards that she felt that her nationality was of no importance whatsoever.
I’ve read blogs written by English people who have moved to France and the first thing they say is that it’s difficult to get to know and become accepted by the ‘natives’. Have you read the book ‘Almost French’ by Sarah Turnbull? She’s Australian and is married to a Parisian. She writes of her experiences of living in Paris and making huge (and largely unsuccessful) efforts to integrate into French life. It’s a very well-written book.
I think that in a big city, especially one as multi-cultural as London, people tend to stick to their own groups. Also I think that if you’re living abroad you need a different kind of friendship, where some people you meet become close friends very quickly as they become almost a substitute family. This expectation would tend not to work as easily with the natives of a country.
(sorry this is in English! It would have taken me all morning to have written it in French!)

Et que je vous traduis parce que je suis gentille :

Les Anglais, même les Londoniens, se plaignent de la difficulté à faire connaissance et se faire des amis à Londres. Londres est connue pour ça. Quand j’y suis revenue après avoir vécu à l’étranger j’ai eu le même problème. A vrai dire, quand je vivais à Amsterdam, j’ai d’abord trouvé les Hollandais très distants. J’ai  eu l’impression de commencer à m’intégrer socialement là-bas quand je me suis inscrite à des clubs de sport locaux (aviron et longée). cela a pris un moment mais après des mois d’entraînement (et de souffrance !!) ensemble, à vivre des expériences communes et à s’entraider, toutes les barrières sont tombées. J’ai aussi découvert que ne pas faire tout un plat d’être Anglaise (c’est-à-dire différente), aidait le processus.
Je pense sincèrement qu’un sport (ou n’importe quel loisir) est une bonne manière de s’intégrer. Parce que dès le début, on a quelque chose en commun. Il y a des gens qui ne sont pas Anglais dans mon club de randonnée ici à Londres et à ma connaissance, ils ne sont pas traités différemment. D’ailleurs j’ai amené un jour une amie française avec moi et elle m’a dit après coup qu’elle avait eu l’impression que sa nationalité n’avait aucune importance.

J’ai lu des blogs écrits par des Anglais installés en France et la première chose qu’ils disent, c’est qu’il est difficile de faire connaissance et d’être accepté par les « indigènes ». As-tu lu le livre « Almost French » de Sarah Turnbull ? Elle est Australienne, mariée à un Parisien. Elle relate sa vie à Paris et ses efforts, énormes, mais souvent vains, pour s’intégrer dans la vie française. C’est un livre très bien écrit. Je pense que dans une grande ville, en particulier une ville aussi multi-culturelle que Londres, les gens ont tendance à rester dans leur propre groupe. D’autre part, je pense que quand tu vis à l’étranger, tu as besoin d’un genre d’amitié un peu différent, dans laquelle certaines personnes que tu rencontres peuvent devenir très rapidement des amis proches, qui vont vite former une quasi- famille de substitution. Cette attente que l’on peut avoir est forcément plus difficile à réaliser avec les habitants du pays.

Merci Sarah pour ce témoignage passionnant !

Petit update après mon post précédent:

Hier, il s’est produit un miracle ! J’accompagnais une mini-sortie scolaire (à 50m de l’école, sortie d’1h30 ou comment se faire bien voir de la maîtresse sans perdre une journée entière.) Nous étions en train de regarder les fourmis et les vers de terre dans les « allotments », jardins potagers qui bordent l’école quand il s’est mis à pleuvoir si fort que la sortie, déjà mini, donc, a dû être carrément  interrompue.

Les gentilles mamans accompagnatrices se sont donc retrouvées toutes bêtes, avec une heure et quart à tuer avant la sortie de l’école, sous la pluie. Et là, alors que je m’apprêtais à rentrer chez moi sans enthousiasme pour travailler une demi-heure et ressortir, ce qui n’aurait pas été d’une efficacité folle, coup de théâtre, Sam, l’une des gentilles mamans accompagnatrices m’a proposé d’aller au pub avec elle ! Incredible !

Certes, je me suis ridiculisée en commandant une demi-pinte de Strongbow pour me rendre compte au bout de quelques secondes que ce n’était pas du cidre comme le Strongbow de certains pubs,  mais de la bière. Et malgré mon envie d’être polie avec ma « nouvelle amie » qui m’avait offert ce verre, la bière ce n’est vraiment pas mon truc, j’ai donc dû l’abandonner et recommander un cidre, Aspall cette fois si vous voulez tout savoir.

Et c’était super sympa. Nous avons parlé de vrais sujets, pas seulement de la pluie et du beau temps et elle m’a même proposé de renouveler l’expérience ! Cette fois, promis, je ne laisserai pas le temps passer…

Entente cordiale

Bien sûr, en partant vivre à l’étranger, on se dit qu’on ne fréquentera surtout pas les Français. Ah non alors, moi je veux de l’authentique, du bon British qui va au pub en costume trois pièces en sortant du boulot, de l’Anglaise qui met des shorts en plein hiver, un peu de couleur locale, quoi !

Et puis finalement, après avoir lamentablement échoué à me faire des amis anglais (moi qui suis d’habitude assez sociable, j’avoue que là je me heurte à un mur, un mur très poli mais un mur tout de même), après avoir communiqué chaleureusement mais de façon limitée avec d’autres étrangères qui ne parlent pas toujours bien anglais, j’ai fini par réaliser que je n’avais à Londres que des copines françaises. Que ce soit à l’apéro-blog, à l’école ou des copains de copains… que des Français. Tout au plus quelques couples mixtes pour sauver l’honneur, et des Belges, Marocains et Tunisiens, francophones, donc.

Ne croyez pas que je suis restée dans mon coin. Nous avons invité des enfants à la maison, pris le thé avec les parents, polis mais sans plus. Nous avons participé au quiz-night de l’école, super sympa, on fait connaissance, on boit, on rigole ensemble, on se passionne pour le jeu, on a l’impression de s’être fait des amis, et patatras le lendemain matin,  on se prend de nouveau un mur en pleine figure quand on essaie de dire bonjour à nos « nouveaux amis ».

Le boulot n’aide pas énormément. De mon côté je travaille uniquement avec la France (et surtout toute seule d’ailleurs) et Antoine a principalement des Français dans son équipe, ainsi que des Indiens. (Oui, il est dans l’informatique). Il a tout de même un copain écossais avec qui il est allé faire de l’avion quelques fois.

Il y a sûrement aussi de notre faute. Avec un emploi du temps surchargé, beaucoup de week-ends pris par des visites de France, on n’est peut-être pas assez investis dans la vie du quartier ou de l’école. Lors de notre emménagement, notre voisine américaine nous avait apporté des cupcakes pour nous souhaiter la bienvenue et à ma grande honte, je ne les ai jamais invités chez nous. J’ai laissé passer le moment et ensuite c’était trop tard.

Donc voilà, les Anglais ne sont pas faciles d’accès mais nous n’avons sans doute pas fait assez d’efforts.

Malgré tout, je me réjouis d’être invitée demain matin à un café chez une Anglaise ! (On ne tiendra pas compte du fait qu’elle est en couple avec un Français 🙂 Et en plus c’est pour une bonne cause :le Macmillan coffee morning, une manifestation destinée à collecter des fonds pour l’association Macmillan Cancer support, qui fournit soins, écoute,  soutien financier etc… aux personnes atteintes d’un cancer et à leur famille. L’année dernière, 10 millions de £ ont été collectés ! Si un coup de foudre amical se produit à cette occasion, je ne manquerai pas de vous le faire savoir !