A play in a day : Macbeth à l’école

Faire tenir une pièce de Shakespeare en vingt minutes ? Faire jouer Shakespeare à des enfants de 10 ans ? Leur permettre de découvrir une oeuvre, en discuter, puis la jouer devant leurs camarades et leurs parents, tout ça en une journée, c’est ce que propose l’association Konflux qui intervient en milieu scolaire depuis des années.

L’activité s’est déroulée sur deux jours. Pendant que la moitié de la classe travaillait comme d’habitude, l’autre moitié était prise en charge par deux comédiennes animatrices, et ils ont échangé le lendemain. Après leur avoir raconté la pièce et avoir discuté des  thèmes ( ambition, jalousie, culpabilité, folie, avec Shakespeare, on a l’embarras du choix), elles leur ont fait faire des échauffements vocaux, puis un filage de la pièce.

Les parents étaient invités en fin de journée pour voir le résultat et c’était pas mal du tout. A chaque scène, les acteurs changeaient, mais grâce à quelques accessoires bien choisis et aux narrateurs, les spectateurs pouvaient s’y retrouver.

J’ai saisi au passage quelques-unes des citations les plus connues de la pièce  :

« What ‘s done is done ».  ( Acte III, scène 2), quand Lady Macbeth essaie d’apaiser la culpabilité de son mari.

« Fair is foul, and foul is fair ». – ( Acte I, scène 1). et « Double, double toil and trouble; Fire burn, and cauldron bubble. »  (Acte IV, scène 1). Les horribles sorcières.

« Will all great Neptune’s ocean wash this blood clean from my hand? »  (Acte II, Sc. 2). Macbeth commence à être dévoré par la culpabilité.

 » Life’s but a walking shadow, (…) it is a tale told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing. » (Acte V, scène 5). « La vie n’est qu’une ombre qui passe (…) c’est un conte dit par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien ».

Fille aînée était un des narrateurs qui résumaient et commentaient l’action puisque faire tenir la pièce en vingt minutes demande une condensation des événements. Mais l’essentiel y était et c’était touchant de voir ces gamins s’amuser autant avec une langue pourtant difficile. J’ai eu les larmes aux yeux quand le petit Omar, un garçon de year 6 très lourdement handicapé, a revêtu la couronne et glissé de son fauteuil roulant sur la scène pour venir jouer le rôle de Macbeth.

Emportées par notre élan shakespearien, nous sommes allées toutes les deux avec une amie voir la pièce qui se jouait justement dans le théâtre de notre quartier, mon cher Questors. Eh bien, heureusement que j’avais vu la version de l’école trois jours avant parce qu’il faut s’accrocher. J’ai beau avoir fait des études d’anglais, être traductrice et habiter depuis 4 ans à Londres, la langue de Shakespeare, au cas où vous en douteriez, c’est plus costaud que Downton Abbey ! J’ai quand même admiré le boulot des comédiens, amateurs excellents, que j’avais déjà vus pour certains dans An ideal husband d’Oscar Wilde. Et j’ai tremblé devant les sorcières un peu zombies et complètement terrifiantes. La prochaine fois, je vais voir Blanche Neige et les sept nains version street dance, ça devrait être plus accessible !

Au pays de Shakespeare

Au pays de Shakespeare, comment ne pas s’intéresser au grand Will ?

En vous promenant sur les bords de Tamise, vous pouvez admirer, non loin de la Tate Modern, le Globe, reconstitution du théâtre de Shakespeare. Avec son toit de chaume et son parterre à ciel ouvert, il est typique de l’époque élisabéthaine. Le théâtre se visite et propose une exposition Shakespeare mais également des spectacles.

The Globe : programme de cet été

La semaine dernière, nous sommes allés voir Being Shakespeare, un one-man show intimiste du comédien Simon Callow qui m’a ravie.

Il raconte tout simplement la vie du Barde en s’appuyant sur le peu d’infos dont on dispose mais aussi tout ce qu’on sait sur l’époque et bien sûr, sur ses oeuvres. Par exemple on sait que William est né entre deux épidémies de peste qui ont emporté plusieurs de ses frères et soeurs. C’est le genre de détail sur lequel on ne s’arrête pas forcément lorsqu’on lit une notice biographique mais qui donne un éclairage intéressant sur le personnage. La pièce est très vivante, émaillée de citations, bref un pur délice à entendre ne serait-ce que pour la parfaite diction du comédien.

Ecoutez-moi cet accent.

C’est la première fois que j’allais au théâtre à Londres et j’ai été amusée de constater que comme au cinéma les Anglais boivent et mangent (mais sans bruit heureusement) au théâtre. Ayant commandé un verre de vin à l’entracte que je n’ai pas fini, j’ai pu le transvaser dans un gobelet en plastique – so chic – pour le boire pendant le deuxième acte.

Richard III, que nous avions vu – en français – aux Amandiers avec Philippe Torreton en 2005,  se joue en ce moment à l’Old Vic avec Kevin Spacey dans le rôle-titre et nous irons le voir début septembre. Il me tarde d’y être !