A play in a day : Macbeth à l’école

Faire tenir une pièce de Shakespeare en vingt minutes ? Faire jouer Shakespeare à des enfants de 10 ans ? Leur permettre de découvrir une oeuvre, en discuter, puis la jouer devant leurs camarades et leurs parents, tout ça en une journée, c’est ce que propose l’association Konflux qui intervient en milieu scolaire depuis des années.

L’activité s’est déroulée sur deux jours. Pendant que la moitié de la classe travaillait comme d’habitude, l’autre moitié était prise en charge par deux comédiennes animatrices, et ils ont échangé le lendemain. Après leur avoir raconté la pièce et avoir discuté des  thèmes ( ambition, jalousie, culpabilité, folie, avec Shakespeare, on a l’embarras du choix), elles leur ont fait faire des échauffements vocaux, puis un filage de la pièce.

Les parents étaient invités en fin de journée pour voir le résultat et c’était pas mal du tout. A chaque scène, les acteurs changeaient, mais grâce à quelques accessoires bien choisis et aux narrateurs, les spectateurs pouvaient s’y retrouver.

J’ai saisi au passage quelques-unes des citations les plus connues de la pièce  :

« What ‘s done is done ».  ( Acte III, scène 2), quand Lady Macbeth essaie d’apaiser la culpabilité de son mari.

« Fair is foul, and foul is fair ». – ( Acte I, scène 1). et « Double, double toil and trouble; Fire burn, and cauldron bubble. »  (Acte IV, scène 1). Les horribles sorcières.

« Will all great Neptune’s ocean wash this blood clean from my hand? »  (Acte II, Sc. 2). Macbeth commence à être dévoré par la culpabilité.

 » Life’s but a walking shadow, (…) it is a tale told by an idiot, full of sound and fury, signifying nothing. » (Acte V, scène 5). « La vie n’est qu’une ombre qui passe (…) c’est un conte dit par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien ».

Fille aînée était un des narrateurs qui résumaient et commentaient l’action puisque faire tenir la pièce en vingt minutes demande une condensation des événements. Mais l’essentiel y était et c’était touchant de voir ces gamins s’amuser autant avec une langue pourtant difficile. J’ai eu les larmes aux yeux quand le petit Omar, un garçon de year 6 très lourdement handicapé, a revêtu la couronne et glissé de son fauteuil roulant sur la scène pour venir jouer le rôle de Macbeth.

Emportées par notre élan shakespearien, nous sommes allées toutes les deux avec une amie voir la pièce qui se jouait justement dans le théâtre de notre quartier, mon cher Questors. Eh bien, heureusement que j’avais vu la version de l’école trois jours avant parce qu’il faut s’accrocher. J’ai beau avoir fait des études d’anglais, être traductrice et habiter depuis 4 ans à Londres, la langue de Shakespeare, au cas où vous en douteriez, c’est plus costaud que Downton Abbey ! J’ai quand même admiré le boulot des comédiens, amateurs excellents, que j’avais déjà vus pour certains dans An ideal husband d’Oscar Wilde. Et j’ai tremblé devant les sorcières un peu zombies et complètement terrifiantes. La prochaine fois, je vais voir Blanche Neige et les sept nains version street dance, ça devrait être plus accessible !

Des coquelicots pour se souvenir

En Angleterre, le symbole du souvenir des morts à la guerre est le poppy, le coquelicot. On l’arbore à la boutonnière au début du mois de novembre en souvenir des morts de tous les conflits.  Cette année on parle beaucoup de la guerre à l’école à l’occasion du centenaire de la Grande Guerre et les enfants ont dessiné des champs de coquelicots.

Ce beau symbole est particulièrement bien mis en valeur dans une oeuvre de grande envergure installée depuis quelques mois à la Tour de Londres : « Blood swept lands and seas of red » (Pays inondés par le sang et océans de rouge) par l’artiste Paul Cummins. Il s’agit de plus de 888 246 coquelicots en céramique, un pour chaque soldat de Grande-Bretagne et du Commonwealth mort lors de cette guerre. Le résultat est grandiose et émouvant.

Tower poppies

Le poème dont est tiré le titre de l’oeuvre a été écrit par un soldat anonyme :

Blood Swept Lands and Seas of Red

The blood swept lands and seas of red,
Where angels dare to tread.
As God cried a tear of pain as the angels fell,
Again and again.
As the tears of mine fell to the ground
To sleep with the flowers of red
As any be dead
My children see and work through fields of my
Own with corn and wheat,
Blessed by love so far from pain of my resting
Fields so far from my love.
It be time to put my hand up and end this pain
Of living hell. to see the people around me
Fall someone angel as the mist falls around
And the rain so thick with black thunder I hear
Over the clouds, to sleep forever and kiss
The flower of my people gone before time
To sleep and cry no more
I put my hand up and see the land of red,
This is my time to go over,
I may not come back
So sleep, kiss the boys for me

J’ai vu l’installation de haut en septembre, sans la visiter, mais maintenant c’est presque impossible à cause de la foule. La station de Tube a dû être fermée à cause de l’affluence ! Tous les coquelicots ont été vendus ( £25) au profit de différentes associations. (Coming Home, Combat Stress, SSAFA, Help for Heroes, The British Legion and Cobseo, The Confederation of Service Charities)

Pour en savoir plus, allez voir sur le blog de  Claire qui a eu le privilège de participer à l’installation des coquelicots.

Une vidéo qui explique la fabrication des coquelicots en céramique par des bénévoles. Chacun est fabriqué à la main et donc unique :

Une autre sur le site de la BBC qui montre l’installation presque complète. Impressionnant !

Un mari idéal

Non, je ne parle pas du mien, bien que mes copines me demandent parfois où je l’ai trouvé  (c’est un secret et d’abord je le garde !) mais de Robert Chiltern, personnage de l’excellente, que dis-je, la géniallissime pièce d’Oscar Wilde.

Ideal Husband

Robert Chiltern est un jeune politicien très riche, adulé par sa femme qui le pense irréprochable. Quand Lady Cheveley débarque et le menace de révéler le lourd secret de son passé, sa vie risque de s’écrouler. L’histoire, pleine de rebondissements et de quiproquos n’est qu’un prétexte à des brillantes conversations pleines de ce « wit » so british. Wilde était irlandais bien sûr, et il adore lancer des petites piques aux anglais ou faire des constats ironiques sur la bonne société londonienne. La mise en scène que nous avons vue était une très légère adaptation de la pièce à notre époque avec quelques références à la vie politique actuelle qui ont eu beaucoup de succès dans la salle.

C’est une pièce tout public et j’ai eu envie d’y aller avec les deux filles, pour le plaisir de se faire une sortie tous les quatre dans le théâtre de notre quartier où Cadette prend des cours le samedi. Sortir dans le West End voir des pièces ou des comédies musicales avec des artistes célèbres, c’est génial bien sûr, mais j’adore aussi aller applaudir la troupe amateur (de très bon niveau) de notre théâtre d’Ealing. C’est très convivial, on rencontre toujours quelqu’un qu’on connait dans la salle, on se sent faire partie d’une communauté. En arrivant, les filles ont eu peur d’être les seuls enfants (dans un public composé majoritairement de jeunes retraités il faut bien le dire !), puis soulagement, nous avons vu une autre famille arriver. Evidemment, c’était des Français. Comme nous des parents indignes qui traînent leur progéniture avec eux au lieu de les envoyer au lit à 19h. Je ne regrette pas d’avoir emmené Fille aînée (10 ans et demi) qui a adoré l’humour et la vivacité des échanges mais c’était quand même un peu compliqué pour Cadette.

Il y a eu une adaptation au cinéma en 1999 avec Rupert Everett, absolument parfait dans le rôle d’Arthur Goring. J’avais adoré à l’époque, j’ai ensuite dévoré tout Oscar Wilde et j’avais même à une époque un projet de DEA à sur la traduction de ses pièces qui sont des petits bijoux.

C’est élégant, c’est léger, c’est brillant, c’est Oscar Wilde ! Si vous aimez les réparties de Maggie Smith dans Downton Abbey, vous serez comblés. Petit florilège :

To love oneself, Phipps, is the beginning of a lifelong romance.

S’aimer soi-même, Phipps, est le début d’une histoire d’amour qui dure toute la vie

I always pass on good advice, it is the only thing to do with it.It is never of any use to oneself.

Je transmets toujours les bons conseils. C’est tout ce que j’en fais. Car ils ne me sont jamais d’aucune utilité.

If one could only teach the English how to talk, and the Irish how to listen, society here would be quite civilized.

Si seulement on pouvait apprendre aux Anglais à parler et aux Irlandais à écouter, la société de ce pays serait parfaitement civilisée.

Si par hasard vous me lisez depuis l’ouest de Londres, courez vite au Questors cette semaine (tous les soirs de mardi à samedi à 19h45)

Un petit tour à Poudlard

Depuis le temps que les filles attendaient ça, nous avons enfin visité les Studios Harry Potter. Encore mieux, elles étaient accompagnées de copines venues de France pour le week-end.

Verdict, c’est passionnant ! Il faut avoir vu les films, au moins quelques-uns, pour apprécier pleinement ces extraordinaires décors, mais on apprend aussi beaucoup de choses sur le travail de décoration en général et sur les effets spéciaux.

Après une petite projection de présentation, on entre dans l’immense réfectoire de Poudlard, avec quelques costumes originaux. Puis, on passe dans un grand hangar où un nombre incroyable de décors est présenté dans le désordre, tout comme dans un vrai studio. Du coup c’est très intéressant pour les enfants de se rendre compte que ce qui apparaît à l’écran est tantôt une illusion d’optique selon l’angle de la caméra qui fait paraître telle pièce plus grande, tantôt une continuité obtenue grâce au montage mais qui n’existe pas dans la « géographie réelle ». Il y a bien sûr aussi le plaisir de retrouver l’univers des films et d’admirer de près des décors réalisés avec un sens du détail époustouflant. Au total, le tournage des films a pris 10 ans donc les techniciens et décorateurs ont eu le temps d’affûter leurs compétences et d’aller très loin dans la déco. Ensuite, on passe à la partie plus technique avec l’explication des effets spéciaux sur fond vert. Petits et grands peuvent tester en s’installant dans la voiture des Weasley ou sur un balai, devant un fond vert, qui est ensuite modifié par ordinateur. On voit donc notre petit sorcier ou sorcière sur son balai dans les rues de Londres ou au-dessus de Poudlard. Très sympa. On fait un peu la queue mais pas trop puisque le flot des visites est régulé. On peut ensuite bien sûr acheter les photos et vidéos…

Au milieu de la visite, on peut faire une pause à l’extérieur, près du beau pont en bois, pour pique-niquer ou acheter quelque chose sur place. Fille aînée a voulu goûter à la butter-beer. C’est… spécial…

Ce que j’ai préféré, c’est la reconstitution de Diagon Alley (Chemin de Traverse), et l’immense maquette de Poudlard utilisée pour les extérieurs.

Le tour s’achève bien sûr par la boutique. Beaucoup de beaux souvenirs mais souvent très chers. Pas évident pour mes amis venus avec leur cinq enfants !

On n’a qu’une envie en ressortant, se replonger dans tous les films ! D’ailleurs, petit conseil éducatif de ma copine mère de famille nombreuse : on a le droit de regarder le film une fois qu’on a lu le livre ! En effet, ce serait dommage d’aller par facilité vers les films et de louper ces  livres qui ont tant contribué à redonner le goût de la lecture aux enfants quand ils sont sortis…

Pour y aller, soit en voiture (grand parking gratuit sur place), à 30 km au nord-ouest de Londres.

Soit en train jusqu’à Watford Junction + navette gratuite depuis la gare.

Soit en tour organisé autocar + billet d’entrée (Attention c’est cher. Plus de 200 £ pour une famille de 4 sachant que l’entrée pour 4 est à moins de 100, il y a donc plus de 100 pour le trajet.)

Les billets ne s’achètent pas sur place. Il faut les prendre en ligne à l’avance. On vous donne une heure de passage. Compter 3 bonnes heures pour la visite. Nous sommes restés trois heures et demi.

Parents, get lost

Le grand départ

Un seul être me manque et tout est dépeuplé…

Ma grande fille est partie lundi en classe « PGL » (qui veut dire Parents, Get Lost ! ), du nom de l’organisation qui les accueille dans le Shropshire (j’adore ce mot, je l’imagine toujours prononcé par Maggie Smith dans Room with a View.)

Cela faisait pas moins de deux ans qu’elle attendait ce moment et c’était une des raisons majeures pour lesquelles elle espérait que nous restions habiter Londres cette année.

Le PGL est donc une classe de découverte sans la partie classe ; cela ressemble plutôt à une colonie de vacances. De courte durée, cinq jours, elle est plus à visée sportive et « fun » que pédagogique. les enfants vont faire du tir à l’arc, du rappel, du canoë et, le plus important pour Fille Aînée, construire un radeau. Je ne sais pas trop ce qu’elle imagine mais cette construction de radeau, elle y pense depuis des mois, j’espère que l’activité sera à la hauteur de ses attentes !

Je n’ai pas l’impression qu’il y ait eu de travail autour de ce projet comme il peut y en avoir en France sur les classes de mer par exemple.

Ma fille est ravie bien sûr mais je suis perplexe sur la place de ce type de séjour dans la scolarité. Une fois n’est pas coutume, je vais critiquer l’école anglaise.

Le point noir, c’est le prix : 255 livres (307 euros) pour 5 jours ( 4 nuits), même si ce sont 5 jours très sympas, c’est assez dur à sortir pour certaines familles, notamment dans notre école très populaire. Il y avait des facilités de paiement mais pour certains, c’est tout simplement impossible.

Donc, deuxième point négatif, qui en découle, tout le monde ne peut pas y aller. Une petite dizaine d’enfants par classe restent sur le carreau. Personnellement, ça me fait mal au cœur. Ils auront eux aussi des activités sympas dans Londres cette semaine mais ils se sentent nécessairement laissés pour compte. Une copine de ma fille lui a dit qu’elle ne pouvait pas venir parce qu’elle avait un rendez-vous chez le dentiste cette semaine-là… Parfois, ce sont aussi les parents qui ne souhaitent pas laisser leurs enfants y aller.

Où est la logique ? Oui, c’est cool, on va faire du sport, décoller les enfants de leurs jeux vidéo, vivre des moments sympas ensemble, mais au final, ceux qui vont profiter de ces activités (à part quelques-uns, et j’en connais, dont les parents se sont saignés aux quatre veines pour qu’ils puissent participer), ce sont les enfants de familles qui ont déjà les moyens de faire ce genre de choses par ailleurs. Certes, tout le monde ne passe pas ses vacances à faire de l’escalade, de l’accrobranche ou des via ferrata (à part Antoine et ses filles), donc les enfants en retireront un bénéfice, mais est-ce le rôle de l’école de proposer un service payant, qui exclue près de trente pour cent des élèves ?

Pour finir sur une note positive, je reçois des sms sympas de la maîtresse : « Grand soleil, les enfants se sont bien amusés à faire du canoë »… etc… Et demain soir, c’est la disco. Fille Aînée a déjà commencé à remplir son carnet de bal !

P.S qui n’a rien à voir mais tous les prétextes sont bons pour se remémorer ce film. Voici l’extrait de Room with a view dont je parlais. Le Shropshire est à 3:15 mais c’est l’occasion de revoir aussi une très jolie scène. Chaque fois , je suis émerveillée par le casting. Judi Dench, Maggie Smith, Helena Bonham Carter, Denholm Elliott, Simon Callow, Julian Sands, Daniel Day-Lewis, Rupert Graves. Non mais franchement, qui dit mieux ???

 

Sensing spaces, une belle expo d’architecture à la Royal Academy

Royal Academy of Arts de Londres

La Royal Academy of Arts a demandé à 7 architectes du monde entier de créer dans les galeries du musée des installations qui représentent un peu leur vision de l’architecture.

Cela donne une expo très intéressante, aérée, ludique.

L’installation qui m’a le plus transportée est le labyrinthe du Chinois Li Xiaodong. Un labyrinthe de bois avec un sol blanc lumineux qui évoque la neige.

Celle que j’ai trouvé la plus fun, le tunnel du Burkinabé  Francis Kiéré : sur une structure de plastique formant un tunnel, censé favoriser le rapprochement entre les gens, malheureusement absent selon lui de la culture occidentale, nous étions inviter à planter de grandes pailles colorées. Chacun pouvait laisser libre cours à sa créativité, les enfants ont adoré et le résultat est très coloré.

La plus spectaculaire, celle du cabinet chilien Pezo von Ellrichsausen, une grande plateforme en bois soutenue par quatre colonnes dans lesquelles se trouvait un escalier en colimaçon, avec également une rampe d’accès, pour que l’installation soit accessible à tous.

Il y avait aussi un jeu d’ombre et de lumière du cabinet irlandais Grafton Architects et une installation lumineuse du japonais Kengo Kuma. Lui, son credo, c’est « l’architecture faible », une manière douce d’habiter l’espace, qu’il a symbolisée ici par des lumières.

A ne pas manquer, le film à la fin, qui permet de voir et d’entendre ces architectes parler de ce qu’ils ont voulu faire avec ce projet, mais aussi et surtout voir leurs réalisations dans différents pays. C’est très accessible et les images sont de toute beauté.

Une expo à recommander. Un peu cher mais on passe un très bon moment et c’est gratuit pour les enfants.

Royal Academy of Arts, du 25 janvier au 6 avril 2014
Tube Piccadilly ou Green Park
Gratuit pour les moins de 12 ans
14 £ pour les adultes. 
Plus d’infos
Le labyrinthe de Li Xiaodong
The maze by chinese architect Li Xiaodong

L’installation du cabinet chilien Pezo von Ellrichshausen

Grafton architects
Grafton architects
Kengo Kuma
Kengo Kuma

10 trucs que disent les enfants bilingues

« Il est neuf minutes jusqu’à une heure. »

« Aujourd’hui, on a eu un early lunch juste avant le clay club. »

« N’importe quoi, on dit pas « home », on dit « hhheûme » ! »

« Pour être honnête, le foie gras, ça regarde comme du pâté, dans mon opinion. »

« Mamie, quand elle parle anglais, on dirait qu’elle a une patate chaude dans la bouche. »

« Mais papa, pourquoi tu mets les sous-titres ? »

« Il ne me manque plus que un sticker sur mon award-card et j’aurai mon certificate !

« Pour mon anniversaire, je peux avoir un sleepover ? »

« On a tout compris ce que vous dites ! » [quand les grands-parents distraits essaient maladroitement de parler anglais pour être discrets…]

« Allez, on est au-dessus de l’Angleterre, je switche du français à l’anglais maintenant ! » [dans l’avion, au retour des vacances]

Flattery, thy name is British

« Sachez, mon bon monsieur, que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute »

Que ce soit ou pas à cause de cette phrase inscrite dans notre inconscient collectif, pour nous Français, la flatterie est connotée de manière négative.

Les Anglais en revanche, ne rechignent pas à la flatterie ou disons à une avalanche de compliments. Parfois je ressors des entretiens parent-prof gonflée de fierté et puis je me souviens que c’est tout à fait normal ici de s’extasier sur les capacités incroyables et extraordinaires de l’enfant. Il m’est arrivé en discutant avec une autre maman de me rendre compte que la maîtresse nous avait dit exactement la même chose à l’une et à l’autre sur notre enfant doué de capacités « qu’elle n’avait jamais vues ! » Nous avons décidé tacitement, l’autre maman et moi, de faire comme si cette conversation n’avait jamais eu lieu afin de garder tant bien que mal nos illusions…

Rappelons au passage que le « bullshit », que l’on peut traduire poliment par « baratin » a tout de même sa propre page  wikipedia et son abréviation « B.S ». Révélateur, non ?

Tout cela, chers amis, n’est pas inné. On apprend le bullshit, ou disons pudiquement,  la flatterie pour parvenir à ses fins,  à l’école.

Pour preuve, le cahier de Fille Aînée sur la construction du texte argumentatif. (Elle est en Year 5/CM1).

Construire une lettre argumentative.

1°Introduction

2° Flatterie

3° Expliquez vos raisons

4° Raison supplémentaire

5° Emotions. Utilisez-les !

6° Exagération. Utilisez des mots forts (WOW words)

Cette leçon vaut bien un fromage sans doute ?

J’ai regardé un peu les leçons équivalentes dans le système français et chez nous, on reste très cartésien : Intro – argument – argument- … – conclusion

Je dois dire que Fille Aînée a bien retenu la leçon.

Un extrait de sa rédaction, très pragmatique et très british :

Dear Zoo Keeper,
I am sure that you love and care your animals…
However, I am not certain that you’re an expert at zookeeping, for when I came to the zoo, the animals looked bored and their environment was not well recreated.
To recreate their environment, you will need plants or ice.
At the end of the day, I am sure that you will notice more and more people will come to your zoo.
I would like to draw your attention to the fact that if people think you don’t care well for your animals, they will not come.
[…]
Yours sincerely,
H.P

Colourscape, un labyrinthe de couleurs

Installation étourdissante, ce labyrinthe de couleurs installé sur la grande pelouse de Clapham Common a mis de la couleur dans notre week-end pluvieux.

Après avoir enfilé une tunique de couleur, on entre dans un réseau de tunnels colorés, au centre duquel une grande salle cathédrale accueille des mini-concerts, cette année sur le thème d’Alice au pays des merveilles. On croise la Reine de Coeur, le Lapin Blanc, le Chat de Cheshire et des cartes à jouer.

Les photos ne rendent pas très bien car cela manquait de soleil mais l’expérience sensorielle était étonnante. On explore, on se laisse désorienter, on joue avec la lumière et les couleurs, inutile de dire que les enfants ont adoré !

Colourscape P1130188

Colourscape

Colourscape 2

Queen of hearts

Cheshire cat

P1130200

P1130181

Retrouvez chez Claire (que je remercie pour la découverte) des photos de l’année dernière avec plus de soleil et surtout la vidéo  de Thomas, qui rend mieux compte de l’installation que les photos :

Infos et photos sur le site de Colourscape, jusqu’au 22 septembre à Clapham Common, billet famille 12 £ en semaine, 22 £ le week-end. 

Un intérêt particulier pour les morts

Je ne parle pas très souvent de livres ici, même si je lis beaucoup, mais celui-ci est un peu particulier puisque je l’ai traduit. Après Cache-cache avec le diable de Patricia Wentworth, c’est mon deuxième roman british pour la collection Grands Détectives. Auparavant je traduisais surtout des romans américains, mais depuis que je vis à Londres, les éditeurs me confient plus de romans anglais, ce qui est plutôt judicieux de leur part et qui me remplit de joie, vu mon amour de la culture et de la littérature anglaises.

Je vous présente donc une nouvelle héroïne de la collection Grands Détectives, Lizzie Martin.

ann-granger

En 1864, Lizzie Martin, fille d’un médecin de campagne du Derbyshire qui vient de mourir sans lui laisser un sou, arrive à Londres comme dame de compagnie. Son premier contact avec la grande ville est plutôt brutal puisqu’elle tombe nez à nez avec le cadavre d’une jeune inconnue.

Elle va évidemment se lancer sur la piste du meurtrier, avec l’aide de Ben Ross, un jeune inspecteur de Scotland Yard qu’elle a connu dans son enfance alors qu’il était fils de mineur, et qui a pu faire des études grâce à la générosité du père de Lizzie.

J’ai eu beaucoup de plaisir à traduire ce livre qui brosse le portrait de Londres à une époque où la ville comme la société se transforment. Lizzie, qui a toujours vu son père se dévouer au service des plus démunis, est consciente de la dureté de la vie pour une grande partie de la population. Elle connait « le vrai prix du charbon », selon l’expression de son père qui a été témoin de terribles accidents dans les mines du Derbyshire, et c’est sans doute ce qui l’empêche de se plier aux conventions sociales et à l’hypocrisie de la société victorienne, qu’incarne à merveille Mrs Parry, dont elle est la demoiselle de compagnie. Mrs Parry, obsédée par l’heure des repas, le whist et le qu’en dira t’on, se préoccupe en revanche fort peu de savoir où a bien pu disparaître Madeleine, la jeune fille qui lui tenait compagnie avant Lizzie.

Ben, le fils de mineur devenu inspecteur de Scotland Yard à force de travail, idéaliste et passionné, le Dr Tibbett, un ecclésiastique qui a tout d’un Tartuffe, et Frank, le jeune dandy qui profite de la richesse de sa tante, complètent une galerie de personnages hauts en couleurs.

Si vous aimez la série Charlotte et Thomas Pitt d’Anne Perry, il y a de grandes chances que vous accrochiez avec l’univers d’Ann Granger. Je travaille ne ce moment sur le deuxième de la série, Mortal Curiosity, qui emmène Lizzie dans la région de New Forest.

Ann Granger, Un intérêt particulier pour les morts, éditions 10/18, 379 p.

Et pour ceux qui auront lu mon billet jusqu’au bout, il y a un exemplaire du livre à gagner, par tirage au sort parmi les commentaires. Profitez-en pour me dire quels sont vos auteurs anglais préférés ! Le tirage au sort sera effectué lundi 1er juillet à 19h.

Ce billet participe au challenge British mysteries de Lou et Hilde.

Challenge british mysteries

 

EDIT : AND THE WINNER IS…..

Tirée au sort par la main innocente de Fille Aînée …

Claire !

Félicitations ! Je t’envoie un mp.