Les agents immobiliers anglais, rois du bullshit

S’il y a bien une chose que je retiendrai de ma journée marathon de jeudi dernier, c’est que les British, du moins les agents immobiliers, puisque je ne voudrais pas faire de généralisation abusive, sont vraiment les rois du bullshit, ils sont passés maîtres dans l’art de baratiner et  de mener les gens en bateau.

J’avais un premier rendez-vous à neuf heures et demi. Il faisait frais mais grand beau et j’avais un moral d’acier en quittant notre joli hôtel de South Kensington. Agréable surprise en arrivant à South Ealing ; on va de la station de métro à l’école en passant par un jardin puis une petite ruelle piétonne au fond de laquelle se dresse une belle église. Derrière l’église, un cimetière à l’abandon mais plein de charmes, dédale de pierres tombales envahies par les herbes folles. Un petit morceau de campagne. Je repère deux pubs au passage,  et une ravissante maison que je visiterai plus tard.

très jolie maison (enfin quand je parle de maison, je veux dire quart (inférieur gauche) de maison, très grande, énormément de charme (vitraux, carrelage), mais pas pratique pour un sou. Dommage, j'ai bien failli craquer sur celle-là.

Je continue en direction d’Ealing Common, grand parc près duquel j’ai rendez-vous, et je passe par une petite rue absolument ravissante, Warwick Road, dont je prends plusieurs maisons en photo.

Je remarque un panneau d’agence immobilière indiquant un « garden flat », appartement avec jardin, à louer dans une maison et comme j’ai un trou entre 15 h et 18h dans ma folle journée je m’empresse de le remplir avec cette énième visite.

Ealing Common, au bout de cette rue,  est un parc, ou plutôt, une immense pelouse, sans beauté particulière mais qui a le mérite de donner de la verdure… et d’abriter des écureuils.

Donc me voici devant un petit « cottage » d’une charmante rue qui donne sur Ealing Common :

Hum, cottage, il faut le dire vite. Sachant que l’entrée, c’est la porte noire, vous imaginez la largeur de l’appart ! C’est un mot d’agent immobilier. Disons que c’est un appartement collé entre deux autres appartements mais avec le privilège d’avoir trois pièces sur trois niveaux et une sorte de minuscule patio sombre et humide. La cuisine est minuscule, le « salon salle à manger » aussi, la troisième chambre (mon bureau/chambre d’amis) est en haut d’un escalier où je n’ai aucune envie de me risquer tous les jours, bref, c’est sombre et mal foutu mais comme on nous a dit que Londres c’était la folie, je suis toute disposée à croire l’agent immobilier quand il me dit sans rire qu’il connait le marché de la location à Ealing, après tout c’est son métier, et qu’il n’y a absolument rien de mieux pour ce prix là, c’est fantastique, d’ailleurs il a d’autres visites cet aprem, blablabla. Jusque là, baratin tout à fait normal qui ne m’impressionne pas plus que ça. Petit malaise quand je lui dis : nous sommes éventuellement intéressés mais Antoine vous a dit que notre budget n’était que de 1500 et non pas 1700 comme demandé.

Ah bon, mais non non non, Antoine m’a rien dit (ce qui est faux mais sur le moment je le crois). Jamais votre offre ne sera acceptée en-dessous de 1600, mais vous pouvez tenter blablabla…

[Sachant qu’Antoine avait visité cet appart quinze jours plus tôt et que finalement, une semaine après mon passage, il était toujours libre. Alors bien placé certes, mais ce qu’il y a de mieux à Ealing, j’en doute]

Bref, un peu ébranlée, je repars en ayant promis de lui rendre réponse avant 19h et si possible avant 15h.

Je me dépêche car j’ai rendez-vous un quart d’heure plus tard à l’autre bout de la ville, je me paume lamentablement car il ne faut pas confondre Broadway street avec The broadway, ni même, malheureux, New Broadway. Et malgré mon sens de l’orientation inné (en plus c’est vrai !), j’arrive en retard, frigorifiée, à l’agence en laquelle je mets tous mes espoirs, Dexter’s, qui doit me faire visiter un appartement dans mon budget et deux maisons hors budget mais peut-être que…

Déception, les deux maisons ne sont plus dispos. L’agent me fait poireauter un bon moment et quand nous partons enfin, il appelle sa cliente suivante en lui disant qu’il arrive dans dix minutes !  Bref, il me laisse entrer et reste dans la rue pour surveiller sa voiture car il craint de se faire verbaliser dans cette rue réservée aux détenteurs de « permit ». au moins on ne peut pas dire qu’il essaie de m’influencer. Là encore très joli quartier (le même en fait), appartement immense dans une maison, grand jardin (mais à partager avec deux autres apparts), superbe hauteur sous plafond, mais isolation épouvantable (j’ose à peine imaginer la facture d’électricité), salle de bain minuscule et pourrissime, cuisine sans table et à vingt mètres de ma salle à manger avec deux virages, bref, pas mon coup de coeur. Pourtant, à la fin de la journée, je le referai visiter à Antoine pour avoir son avis, parce que quand même, ces moulures, cette cheminée, cette hauteur de plafond…

Ensuite à midi, j’ai rendez-vous avec Rachel, avec qui j’ai échangé plein de mails, et qui me semble aimable et compétente. Las, elle allait s’avérer d’une perfidie éhontée…

–To be continued —

4 réflexions au sujet de “Les agents immobiliers anglais, rois du bullshit”

  1. Bonjour Delphine,

    Grace à vos riches expériences de recherche d’un logement, pourriez-vous me dire si à Londres ( en l’Angleterre en générale) , on a le droit de faire un préavis comme en France ou il faut attendre que notre bail arrive à l’échéance pour changer logement. Par ex, je vais signer un bail d’un an (Mars 15 – Mars 16). Mais je ne suis pas trop sûr que je vais rester dans ce logement, je peux- être déménagé avant Septembre 2015. Est-ce que je peux faire un préavis mois d’Aout 15 ou il faut que je reste jusque en Mars 16.
    Vu que les agences immobilières à Londres sont « pas mal », donc, j’ai peur d’être arnaquée. Et est-ce que le loyer est négociable (on fait une proposition sur le prix comme un achat)?

    Merci beaucoup,

    Lucie,

    1. Certains baux comportent une breaking clause qui vous permet de partir au bout de six mois mais d’autres vous obligent à rester jusqu’au bout. Le locataire n’est pas aussi bien protégé qu’en France ; le propriétaire peut vous virer à expiration du bail ou augmenter le loyer de 20 % si ça lui chante. En revanche, oui tout est négociable, vous pouvez faire une offre de loyer comme on fait une offre d’achat.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s